Cognac Blues Passion 2002

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Dernière Modification le : 07/11/04

Du 24 au 28 Juillet 2002 avait lieu la 9ème édition du Cognac Blues Passion.

Jeudi 25/07/02

9eme FESTIVAL DE BLUES DE COGNAC : LES PASSIONS PARTAGEES…

A peine descendu de mon petit nuage sur lequel je naviguais à Cahors, le festival "Blues Passions" entame sa 9eme édition. 7 bonnes heures de voiture en compagnie de mon pote Lolo entre Rouen et la Charente, pour rejoindre cette belle cité qu’est Cognac. Juste le temps de saluer Béatrice, responsable des logements chez l’habitant, pour nous indiquer l’adresse de notre maison d’accueil. C’est "rue du palais" dans le Vieux-Cognac, autant dire que l’immense demeure, située à quelques encablures du site principal du festival, est un véritable havre de paix, de calme et de détente…

Il est 16 heures quand Ike Cosse,

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nous offrent un récital en solo, superbe moment d’un répertoire original ancré dans les racines du Blues profond. D’une voix chaude, soutenu par une guitare et un bottleneck, un harmonica, un tambourin animé par sa jambe gauche, sans plus d’artifices, il a réjouit l’ensemble de l’assistance et des dizaines d’enfants présents, assis dans l’herbe, attentifs à la performance du bluesman. Splendide entrée en matière !

Pour suivre vers 18 heures, Texas Trumpets, qui comme son nom ne l’indique pas, n’est pas uniquement une formation composée de cuivres mais un "band" à part entière. Le format classique : chant-guitare, basse, batterie, clavier, saxophone Alto et… trompette décline une musique très Funky et Rhythm and Blues. De bonne qualité mais sans être sensationnel, le groupe originaire d’Austin ne m’a pas particulièrement emballé dans un premier temps pour finalement me laisser aller à quelques pas de danse…

Le temps est venu d’aller se restaurer, je manque volontairement le concert de John Primer et Matthieu Skoller en sachant qu’ils seront sur la grande scène samedi soir…

Vers 21 heures, j’ai hâte de découvrir les légendaires et vénérables Blind Boys of Alabama.

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Avec leur registre Gospel, agréablement mélangé avec de la Country, des chansons écrites par Tom Waits, Ben Harper ou les Rolling Stones, ils proposent sans mauvais jeu de mots, un spectacle visuel, ou la communication avec le public est totale. L’animation des 3 vocalistes aveugles (dont Clarence Foutain, créateur du groupe) est omniprésente, les deux premiers se levant perpétuellement de leurs chaises, s’avançant dangereusement vers le bord de la scène, rattrapés in extremis par le bassiste ou le guitariste. Le troisième s’offre un bain de foule, accompagné par un musicien, pour mieux sentir la présence de l’assemblée nombreuse et séduite. Un show réglé de mains de maître comme une ballade au cœur d’un style alliant tradition et modernisme ponctuée de nombreuses vagues rafraîchissantes… Chaque intervenant donne le meilleur de lui-même dans l’unique but de jouer et d’amuser, comme le font de jeunes enfants avec un auditoire attentif… Les 3 chanteurs et les 4 instrumentistes quittent le feu des projecteurs en file indienne, une main sur l’épaule se retournant pour saluer… sous les applaudissements nourris du public en délire… Je tire mon chapeau à ses grands messieurs de la musique afro-américaine !

Il est plus de 23 heures quand Ike Turner prend place sur la scène du "Blues Paradise", dont je garde un sentiment partagé de la prestation : si la formation de 8 musiciens (2 claviers, 1 saxo alto, 1 saxo baryton, 1 trompette, 1 guitare, 1 basse, 1 batterie) ne souffre d’aucun bémol pour soutenir le leader au piano et au chant, le répertoire proposé de standards éculés comme " Johnny Be Good " ou autre " Tequila "( ?) prend ainsi le public de Cognac pour des béotiens ! Je voudrais bien que l’on m’explique l’intérêt de présenter on stage 3 pianos, pourquoi pas 4 guitares et 11 clairons ! ! !

C’est un peu dégoutté que je quitte la scène principale pour prendre le chemin du "off" ou je jette un œil sur le concert de la "Magic Place" Mo and The Reapers, avant de me ressourcer au contact des Hoodoomen. Puis de retourner vers le Swing Cognac d’une heure du matin pour le concert du groupe Jump For Joy nous plongeant ainsi au cœur des "Fifties" avec leur style influencé par le Jazz, le Swing, le Jump et le Boogie. Autour de Peter "Pickey" Butler se révélant être un chanteur-contrebassiste inspiré, le guitariste "Rusty" Mich Pronost réellement doué, le saxophoniste baryton Philippe Guennou jouant juste, le dynamique batteur Gérard Mace et l’alerte pianiste-organiste Christophe Leveillard, nous ont plongé dans la noirceur d’un polar du cinéma américain des années 50, véritable clin d’œil au Festival du Film Policier de Cognac ( ? !) Une bien belle découverte pour cette première journée malgré une assistance clairsemée…

Autour de 2h30 du mat’, impossible d’entrer dans le bar bondé ou joue les Nantais de Scratch My Back, je termine la soirée avec mon ami Gilles (de Bluesville) devant la "Jam Session" des musiciens de Mudzilla et de Texas Trumpets distillant d’agréables moments étayés par le chant de la somptueuse Dawn Tyler Watson, à l’exceptionnelle beauté et au visage si expressif… 3h30 , la fatigue , le cognac-tonic et la bière commence à faire effet, je me couche en rêvant à cette sculpturale créature canadienne qui imprime si bien la pellicule…

Vendredi 26/07/02

Une grasse nuit fut nécessaire pour remettre les idées en place et un savoureux repas de midi pour atteindre tranquillement 15 heures. Pascal "L’Oreille Bleue" vient d’arriver, après une petite négociation qui aurait pu être évitée, nous obtenons pour l’un comme pour l’autre une accréditation " Média "…

Sur le coup de 16 heures, John Primer est sur scène, avec son Chicago Blues acoustique alimenté par quelques standards qui nous transportent des bords de la Charente aux rivages du Mississippi. Le nombreux public est conquis par l’authenticité et la générosité du musicien de l’Illinois. Après une petite ballade dans le centre ville, les Bretons de Jump For Joy donne, dés 18 heures, à une assistance beaucoup plus nombreuse que la vielle, toute l’étendue de leur talent avec leur Jump Blues si efficace. Pour être certain de ne rien manquer de la prestation des Belges Tee, nous dînons relativement tôt. Autour du génial leader Marc Thijs à la guitare et au chant, Renaud Lesire à la basse et Willy Maze aux baguettes assurent une rythmique infernale enjolivés par Frederik Ernesto Zvar à l’orgue hammond et Jan Boeckaerts aux Saxophones Alto et Baryton. Le sirop distillé par les 5 compères est un style hybride de Swamp Blues teinté de Funky, de Swing saupoudré de Mambo, de Blues teinté de Gospel et même de Reggae tirant sur le Ska. J’ai pris une immense claque dans la gueule (je crois savoir que Pascal aussi) tout au long du concert ou chaque instant apporta son lot de trouvailles et d’étonnements. En particulier lorsque Marc Thijs, seul sur scène, interprète une magnifique chanson Jazzy a cappella, imitant avec sa propre voix, chaque cuivre de façon quasi-parfaite ! EPOUSTOUFLANT ! Deux heures de live de haut niveau ou l’émotion fut omniprésente… Pas facile d’être novateur et inventif, pourtant Tee réussit ce tour de force . Il faut croire que la Belgique regorge de groupes tous aussi bon les uns que les autres, après Last Call et les Seatsniffers (découvert à Cahors), Tee est du même acabit, donnant toute la dimension d’une musique en perpétuelle évolution. Un moment inoubliable de ce 9eme Cognac Blues Passion ! ! !

Comme je l’espère de la montée sur scène de Jimmie Vaughan et de Lou Ann Barton. Accompagné notamment de Bill Wills à l’orgue Hammond (assurant les plans Basse) et de George Rains à la batterie, Jimmie nous assènent des titres de sa dernière mouture, en distribuant des chorus et des solos dont il a assimilé la vraie dimension. C’est le genre de guitariste qui pose la note juste au moment précis ou il le faut. C’est l’anti guitar-hero ! Le chant de sa compagne Lou Ann Barton, envoûtant et sensuel exprime tout le charme d’un Blues au féminin aux doux accents texans. Jimmie sait communier avec le public, chantant assis sur le devant de la scène, touchant là où çà fait du bien dans un jaillissement de bonté et de sincérité… L’assemblée est séduite par l’attrait d’une formation rodée, sans surprise et bien en place ! Déjà 1 heure du mat’, nous filons écouter les Limougeauds du Bourbon Street Blues Band renforcé sur quelques titres par Alain Dorlet à l’harmonica, toujours emprunt à "jammer" dés que l’occasion se présente. Pour terminer la nuit, nous tirons jusqu’au troquet ou les Hoodoomen s’essaye, musclés pour l’occasion de nombreux musiciens venus faire le bœuf jusqu’à 4 heures du mat’… c’est du bonheur partagé en doses illimitées ! ! !

Samedi 27/07/02

Après deux belles premières journées de festival, ce samedi se présente sous les meilleurs auspices, soleil et ciel bleu sont au rendez-vous, chaleur et températures élevées (largement plus de 30 degrés C) aussi… Pas toujours facile à supporter pour un (gras) normand comme moi nourri au Calva ! La canicule connaîtra son apogée dés 16 heures quand la ravissante chanteuse Dawn Tyler Watson investit la scène de l’ "Eden Blues" seulement flanqué d’un musicien Corey Diabo à la guitare acoustique.

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Je suis littéralement tombé sous le charme de cette séduisante canadienne qui a tenu en haleine les centaines de personnes présentes pendant 90 minutes de bonheur.

Avec un répertoire métissé de douces compos et de reprises de différents styles remplies d’émotions (No Women, No Cry de Bob Marley, Superstition de Stevie Wonder, un titre des Beatles)… Rien que d’écrire ces quelques lignes, je frisonne encore de tout mon corps en me souvenant de l’immense sensualité véhiculée par cette célébration remplie de Blues, de Gospel, de Swing et d’une musique qui prend aux tripes et au cœur… UNE MERVEILLEUSE SENSATION que je ne suis pas prêt d’oublier !

Sur le coup de 18 heures, juste le temps de retomber les deux pieds sur terre, Big Joe Louis and His Rhythm Blues Kings prennent place au "Swing Cognac", je me fais une joie de les découvrir sur scène parce que j’apprécie énormément une de leurs galettes (The Stars in The Sky) et ainsi me forger une opinion…
Autant avouer que leur performance ne me procura pas de grands élans vibratoires malgré un bon moment de Blues entre Chicago et Memphis. Il faut bien dire qu’après l’impression laissée par Dawn Taylor Watson, on ne perçoit plus tout à fait les choses de la même façon…
La Québécoise se retrouve ce soir sur la grande scène assistée des Texas Trumpets, un moment que j’ai malheureusement loupé, le besoin de se nourrir et de se désaltérer expliquant cela.
Nous arrivons au "Blues Paradise" pour le concert du chanteur-harmoniciste Matthew Skoller accompagné de deux piliers de la scène de Chicago, les chanteurs-guitaristes Little Smokey Smothers et John Primer.
Dans la lignée des tournées européennes du "Chicago Blues Festival" de ces dernières années, souvent excellentes ou parfois décevantes, celle ci fut de bonnes qualités mais sans grande originalité ! Bientôt 1 heure du mat’, il est temps de rejoindre le centre ville pour apprécier quelques titres du groupe originaire de Cahors, Rosebud Blue Sauce. Une demi-heure plus tard, retour à proximité du musée, Pascal "L’Oreille", Gilles, sa charmante compagne, Marie et votre modeste chroniqueur ne voulant rater pour rien au monde le concert de l’Italien, Edigio "Juke" Ingala ! Le leader au chant et à l’harmonica, bien soutenu par le talentueux guitariste Alberto Colombo et au jeu de basse éclairé de Billy Billiani, sans oublier l’extraordinaire batteur Gio Rossi. Ce dernier est considéré en Californie comme l’un des trois meilleurs au monde dans sa spécialité ! c’est peu dire… Malgré l’heure tardive, les 4 comparses ont retenu une belle galerie avec leur Blues West Coast bariolé de Boogie, de Swing, de Rock’n’Roll, de Swamp a vous donner des fourmis dans les jambes et une sacrée envie de bouger ! Une énorme bouffée de fraîcheur envahie la cité de Cognac…

Pour résumer ces 24 heures d’euphorie, le voyage commença sur les berges de la Charente pour nous transporter jusqu’aux chutes du Niagara et nous charrier des rives de la Tamise aux bords de la Riviera , le tout prenant des allures de Mississippi… Faut-il encore être convaincu que l’on a pas forcement besoin d’être né de l’autre coté de l’Atlantique, pour apporter cette lueur nécessaire et créer l’émotion indispensable pour nous faire chavirer de plaisir ?

Je me couche avec ce doux sentiment de bien être qui embaume mon corps, mon âme et mon esprit… I FEEL GOOD !

Dimanche 28/07/02

Les dernières heures de ce 9e Cognac Blues Festival s’annoncent chaude, autant par le climat que par sa programmation (le show de Bobby Rush ne me démentira pas, j’y reviendrais…), je suis impatient d’assister à la prestation de Liz Mc Comb que je n’ai encore jamais vu en live !

Arrivé pour une fois sur le site dés 12 heures, je m’offre pour bien commencer ce dimanche, Dawn Tyler Watson (je ne peut plus m’en passer !), qui m’a mis la chair de poule comme la vielle pendant toute la durée de son spectacle. Je ne pense pas avoir été le seul à être séduit par cette sublime beauté… BABE, I SMELL TROUBLE !

Après déjeuner, je me ballade du coté des stands de la presse "Blues" ou j’écoute le mini-concert d’un trio improvisé, Sam (de Mr Tchang), Arnaud (de Malted Milk) et Kévin (de Scratch my Back), trois jeunes musiciens de nos contrées pour une heure de Blues authentique et sans prise de têtes.

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A l’heure de l’apéro, je retrouve tous mes potes, place François 1er, pour entendre l’Elmore D Band, composé de l’emblématique leader Belge Elmore D au chant, jouant surtout sur une fameuse guitare "Stella" à 12 cordes et par moment sur un Dobro du meilleur effet, Big Dave le soutient de son harmonica et de sa voix, consolidé par Lazy Horse aux divers types d’instruments à cordes (guitare électrique, mandoline et même un (très rare) Dobro électrifié) ou l’on retrouve derrière ses fûts, l’exceptionnel batteur (de Tee également) Willie Maze.

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Pendant près de deux heures, devant une terrasse de bar archi-comble, le registre sécrété par le quatuor, se promena dans les racines profondes d’un Blues Rural que ses compositions soient chantées en français, en anglais ou en patois wallon, une langue si communicative, tellement prenante, tellement bluesy… Un merveilleux moment de blues acoustique, qui aurait sans doute mérité une scène plus importante même si le principal est de pouvoir s'exprimer, les gens présents ne le regrettent pas. De nouveau, un groupe talentueux et inspiré issue de la filière Belge qui perpétue cette musique gorgée d’authenticité et de feeling ! C’est tellement bon de vibrer ainsi…

Après un rapide dîner, encore quelques minutes avant l’arrivée de Liz Mc Comb. S’accompagnant au piano, entourée d’un organiste, d’un bassiste, d’un batteur et sur quelques titres d’un guitariste, elle illumine un répertoire de Gospel Songs pastellisé de Soul Music. Je ne sais réellement pourquoi j’aime autant ces chants religieux, sans doute mon éducation judéo-chrétienne inculquée par mes parents. En revanche, je ressens cette musique me pénétrer au plus profond de mon corps par tous les pores de ma peau ! A la limite de la transe, je suis transporté dans une autre dimension, c’est tout simplement jubilatoire !

Si cette grande dame au charisme affiché, s’exprime en toute émotion et en sobriété, que dire de la prestation du président d’honneur du festival, Bobby Rush ?

Avant toute chose, il faut reconnaître que Bobby est un formidable Show-man, un excellent chanteur et un talentueux harmoniciste sachant s’entourer d’un orchestre de haute voltige… Je ne peux pourtant m’empêcher de mettre en avant (c’est le moins que je puisse dire), cette danseuse aux mensurations plus que généreuse qui n’a cesser de nous dévoiler son anatomie avantageuse ! Drôle, provocante presque excitante au début mais après la 7eme chansons, désopilante, vulgaire et sans intérêt… la gent féminine présente a dû être ravie ! La demoiselle changeait tout de même de tenue pratiquement à chaque morceau, oh ! la belle garde robe ! ! ! Voilà le genre de spectacle à l’image d’une Amérique des extrêmes qui se voulant originale fait dans le voyeurisme et l’excès… Ce type de prestation donne de l’eau aux moulins de tous les puritains, les conservateurs, les ultras-orthodoxes, les fascistes de tout poil… Je sors de mes compétences, je ne peux m’empêcher de donner mon humble avis, ce sont mes convictions libertaires et pacifistes. L’abondant public ne semble pas pour autant scandalisé s’accommodant volontiers de ce répertoire habile mélange de Soul, de Blues et de Funk. Pour ma part, je quitte le "Blues Paradise" sans regret pour rejoindre la "Magic Place" ou j’arrive juste avant la fin du concert des Flyin’ Saucers. Dans un bar un peu plus loin, Mr Tchang mets le feu consolidé par quelques sicos venus faire le bœuf. Pour clôturer ces 4 jours de fêtes autour de la musique du diable, je retrouve l’ensemble de mes amis pour se finir avec les Hoodoomen.

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Les quatre bas-normands ont "jammé" avec le trompettiste et le saxophoniste des Texas Trumpets apportant ainsi une touche joliment cuivrée à leur Blues. Un instant final festif à l’image de ses quatre jours ou le partage entre les musiciens et les festivaliers fut omniprésent constituant ainsi le plus grand rassemblement en France et peut être en Europe autour du Blues…

Si je dois citer les images fortes qui me resteront de ce 9eme Cognac Blues Passions : Les Swinguants Jump for Joy, Les Légendaires Blind Boys of Alabama, les innovateurs de Tee, le bienfaiteur Jimmie Vaughan, le créatif Ike Cosse, les enracinés d’Elmore D Band, l’estomaquant Edigio "Juke" Ingala, la charismatique Liz Mc Comb, la délicieuse Lou Ann Barton et la si séduisante Dawn Taylor Watson…

Vivement la 10eme Edition et par avance, bon anniversaire ! ! !

Lucky Jean Luc

Photos: Lucky Jean Luc

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Mon emploi du temps ne m'a malheureusement pas permis d'arriver que le vendredi. J'ai laissé ma petite famille à 100 km de là et c'est en début d'après-midi que j'arrive à Cognac. Le temps de découvrir les lieux de récupérer un pass et de secouer quelques mains, je suis déjà dans le bain de cette grande messe du Blues. Le site est parfait, un superbe théâtre de verdure pour la scène principale dite "Blues Paradise", une scène à l'ombre des platanes "Eden Blues", la scène "Swing Cognac" dans la cours du musé, à l'entrée du site, la scène "Magic Place" sur la place principale, en ville et une petite tente "Tonic Day" dans le parc pour les concerts du matin. Pour la partie "off" du festival c'est très simple, pas moins de 5 bars de la place principale et 2 autres dans la rue qui mène de cette place au site, programment des groupes en après-midi ou en soirée, voire même les deux. Je suis ravi de rencontrer plein d'amis passionnés mais, les tentes des magazines spécialisés sont proches de la scène "Eden Blues" et je n'ai fait qu'apercevoir John Primer en acoustique. La programmation est si dense qu'il est clair qu'il va falloir faire des choix. J'ai repéré sur le programme les quelques artistes que je ne veux pas rater, pour le reste je me laisserai porter par le vent, ou plutôt l'envie du moment.

Après avoir goûté le désormais fameux "Cognac Tonic", je fais un arrêt dans la cours du musé devant Jump For Joy.

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Leur Blues est fort rafraîchissant sous le soleil de plomb mais ils n'ont pas réussi à me rafraîchir suffisamment pour que je supporte la chaleur, je suis parti me mettre à l'ombre et m'alimenter. Il faudrait pouvoir les voir un jour à la fraîche car j'ai eu l'impression qu'eux aussi ont souffert de la chaleur.

Un steak plus tard, je me dirige tranquillement vers le "Blues Paradise" pour y voir Tee. J'ai déjà eu l'occasion de le voir dernièrement mais en tant que sideman, j'ai hâte de voir ce que cela donne avec son band. Alors là mes aïeux, j'ai pris la grande claque de l'année. Je suis littéralement resté hypnotisé. Musicalement c'est grandiose et leur Swing Blues colle parfaitement avec mes goûts du moment. Parler de cohésion n'a plus de sens, ils semblent être les différents membres d'un même corps. Leur humour et leur folie douce s'intègrent parfaitement au show. Par exemple: au milieu d'un morceau, ils se mettent tous à danser tous en même temps sans que personne ne joue la moindre note, puis reprennent le morceau dans un ensemble parfait, comme pour la fin de n'importe quel solo. En plus d'un jeu de guitare impressionnant, Marc Thij possède une bonne vraie voix comme je les aime. Bref je suis resté comme un gamin qui va pour la première fois au cirque, béat. Même les Ska Reagge de fin de concert ne terniront pas mon avis et me semblent parfaitement correspondre au personnage.

Un petit tour vers la zone des médias plus tard, je m'approche à nouveau de la grande scène pour y découvrir pour la première fois en live Jimmie Vaughan. Je ne suis pas un grand fan, mais je connais assez bien ce qu'il à fait sur galettes tant avec les Fab T-Birds, son frère Stevie, seul ou avec Lou Ann Barton. J'espérais être surpris, ça n'a été le cas mais je ne regrette rien. Son show est propre, agréable et reflète parfaitement l'esprit des ses albums. Rien a jeter donc et surtout pas l'intervention, trop courte à mon goût, de Lou Ann Barton. Sa voix a apporté un autre souffle au concert. Bien que n'ayant pas atteint la magie du show de Tee, cette prestation fut de grande qualité bien qu'un peu courte (environ 1heure).

Un petit tour vers le off. Il est difficile de choisir l'un ou l'autre des endroits. Je suis entré au Globe pour voir la fin du set de Bourbon Street. Etant donné le peu que j'en ai vu, il m'est difficile de vous donner un avis clair mais j'ai vraiment aimé ce que j'ai entendu. J'espère pouvoir les revoir plus longuement une autre fois.

J'ai fais un petit tour pour voir les Hoodoomen, c'est bondé, impossible de les approcher, il est tard et j'ai un peu de route à faire, demain je trouverai un plan pour rester sur place mais pour ce soir je repars, un sourire niais aux lèvres, il ne me quittera plus de tout le festival.
Merci à l'équipe de Cognac Blues Passion, c'est déjà décidé, je reviendrais l'année prochaine.

Réveillé assez tard samedi, je reprends la route pour ma piqûre de rappel. Il ne doit pas être loin de 16 h quand j'arrive. Direction l'ombre des arbres pour applaudir Dawn Tyler Watson. Cette chanteuse canadienne accompagnée d'un guitariste acoustique à fait monter de plusieurs crans mon plaisir d'être à Cognac. Bien que son répertoire ne soit pas purement Blues le duo nous a ravis. Ils dégagent une telle énergie et un tel plaisir de jouer qu'ils ont conquis grands et petits, amateurs et simples curieux. D'habitude il y a toujours des rochons mais là c'est simple, je n'ai vu personne qui n'ai pas apprécier. Je me suis précipité à la fin du concert pour acheter son disque hélas épuisé en quelques minutes. Elle doit rejouer dimanche, je passerai pour la deuxième couche.

En ressortant du parc, je me suis arrêté devant la cours du musé pour Big Joe Louis. Là, c'est plus difficile pour moi. Son Swing Jump est bon, le groupe est homogène et dégage de l'énergie mais ils n'ont pas réussi à me prendre dans leurs filets. Bien que je ne puisse pas vraiment dire ce qui m'a gêné, ni sa voix ni sa guitare n'ont vraiment réussi à me convaincre. Il faut dire qu'après la soirée de la veille ça ne va pas être facile de me contenter. La chaleur aidant, je quitte les lieux pour ailleurs, n'importe ou mais au frais devant une bière.

Je papillonne un peu de ci de là, jetant une oreille distraite aux balances des uns et des autres Au Globe, les Rosebud Blues Sauce nous font un set pour l'apéro, promis, je repasserai après le repas.

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Je les avais vu il y quelques temps à Meudon et j'espérais les revoir dans une ambiance un peu plus chaude, j'ai été plus que servi. Ils ont littéralement mis le feu au bar. Leur Swing Jump est marqué par l'énergie, la grosse grosse "patate". Les solos de Nico "Teen" Duportal à la guitare s'enchaînant à ceux de Denis "Lazy" Flaichez à l'harmonica dans une espèce de concourt de virtuosité qui les poussent l'un et l'autre dans leur retranchement. Il n'y a qu'eux qui savent si c'est une saine émulation ou de la compétition mais le plaisir était là pour les spectateurs massés dans un bar bien trop petit pour la circonstance. J'ai malheureusement commis une erreur, je suis sorti prendre l'air, je n'ai jamais réussi à re-rentrer, ils auraient mérité une plus grande scène, nous aussi.

En route pour la scène "Swing Cognac" pour voir Egidio "Juke" Ingala qui aurait enregistré son dernier disque avec Alex Schultz. Je n'avais jamais entendu parler de lui avant, je suis resté scotché. Un Blues West Coast digne des plus grands, qui là encore nous envoie son énergie et sa bonne humeur à pleines brassées. Le public dont je fais partie est en extase, ils le savent, ils le sentent et Egidio descendra nous rejoindre avec son harmonica jouant sans micro avec presque uniquement nos claps pour accompagnement. Les autres membres du groupe ont des sourires complices qui semblent dire "ça y est, il est parti en vrille". Puisque l'on parle du groupe, Gio Rossi à la batterie est incroyable d'aisance et de Swing, Billy Billiani à la basse a servi de tapis aux tricotages de guitare de Alberto "Blue Eyes" Colombo et quel tricotage mes aïeux !

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Un point a l'endroit, un point à l'envers, une double vrille, un triple salto et un quadruple saut périlleux minimum par solo. Il est fort tard mais ils continuent pour le plus grand plaisir des couche-tards moyennement nombreux mais complètement ravis qui sont restés jusqu'au bout pour se gaver de plaisir. Je finirai par faire la queue pour pouvoir acheter sa galette.

Avant de rejoindre mon squat pour la nuit je n'ai pas pu résister à un petit tour du coté des Hoodoomen. Les musiciens se succèdent pour le bœuf, Fabrice Millerioux (batteur des Torpilleur de BBB), Marc Loison (guitariste de Midwest et animateur radio à ses heures), un harmoniciste que je n'ai pas reconnu etc. Comme toujours c'est du plaisir pur mais l'heure est tardive.

Le trajet vers le repos fera croiser une étrange farandole chantante avec Dawn Tyler Watson, Jeff Tronelle (Mo & The Reapers) armé de sa contrebasse et des tas d'autres gens que je ne connaissait pas. Il parait que les Texas Trompets étaient parmi eux au départ.

Bilan provisoire, la musique est excellente voire exceptionnelle et l'ambiance est merveilleuse alors pourquoi est que je ne suis pas venu les autres années ?

Dimanche matin, une douche un café et direction la scène "Eden Blues" pour ma deuxième couche de Dawn Tyler Watson. C'est amusant, j'ai l'impression de reconnaître le public de la veille. Je pourrais recopier ce que j'ai dis plus haut mais je ne vais rester calme.

Mon ventre vide depuis bien longtemps me rappelle qu'on ne peut pas vivre de Blues et de Cognac Tonic. Je me joins donc a quelques amis à la brasserie voisine et y reste un moment. Je quitte cette agréable terrasse pour prendre une deuxième seconde couche de la journée puisque Egidio "Juke" Ingala reprend du service. Quel dommage de l'avoir fait jouer si tôt sur une scène en plein cagnard. Les musiciens ont eu l'air d'en souffrir et public cherchait les coins d'hombre. Encore une fois le set était magique une grande pointure, incontestablement.

Un petit tour par la terrasse du Cougna pour y voir Elmore D. Sa prestation est très proche de ce que l'on peut entendre sur sa dernière galette. Son Blues est Roots, et les musiciens qui l'accompagnent sont parfaits, Willie Maze est incroyable de précision et semble aussi à son aise que sur le Swing Blues de Tee. Les guitares ne sont pas en reste et l'harmo non plus. Malheureusement, même si j'apprécie le jeu le feeling et la conviction qu'ils dégagent, le style finit par me lasser et je décroche pour aller dîner.

Rassasié, je retourne vers la grande scène où le show de Liz Mc Comb vient de commencer. L'ambiance me parait moyenne, comme la prestation. Il manque un truc, de l'énergie, de la folie ou l'envie, je ne sais pas mais ça ne décolle pas. En plus le guitariste est lamentable, il fait suffisamment de pains pour nourrir une colonie entière pour tout l'été. J'apprendrais par la suite que c'est en fait le bassiste qui remplace au pied levé le guitariste absent pour des raisons inconnues. Avec le nombre de bons guitaristes qui circulent dans les parages, c'est vraiment une grosse erreur.

Je repars donc vers le Globe voir Mr Chang & Easy Money accompagnés pour la circonstance par Nico "Teen" Duportal des Rosebud et d'un saxophoniste inconnu. C'est chaud et bourré d'énergie. Les guitares se font tour a tour agressives ou pleureuses et Sam sait chanter. Le saxophoniste m'a vraiment surpris, je ne serai pas étonné qu'on reparle de lui prochainement. Malgré son air renfrogné le bassiste semble prendre beaucoup de plaisir à assurer l'assise de l'ensemble. Seul le batteur ne m'a pas fais une grosse impression, peut être un jour sans. Le Globe se rempli rapidement, les gens dansent puis très vite il n'y a plus de place pour bouger. Encore une équipe qui aurait mérité une scène '"In". L'année prochaine peut être.

Comme d'habitude j'ai finis la soirée devant les Hoodomen qui ont boeuffé avec Abdell"B-bop" Bouyousfi des Rosebud, Alain Dorlet et 2 souffleurs des Texas Trompets. Une bien bonne clôture de festival avant de rentrer sur ce constat, tout ce que j'ai vu était bon et quelques moments ont été vraiment exceptionnels. Mon seul regret, s'il doit y en avoir un, vient de ceux que je n'ai pas pu voir: Ike Turner, Guy Roel, Raoul Ficel, Scratch My Back, Little Smokey Smother, Boby Rush, Flyin' Saucers, Without et Mudzila pour ne citer qu'eux.

Bien sur j'ai croisé des tas de gens, musiciens, journalistes, organisateurs, Greenwoodiens ou simples amateurs, la liste serait bien trop longue et pour n'oublier personne j'ai décidé de n'en citer aucun.

Bravo à l'équipe d'organisation du Cognac Blues Passion, préparez d'autres fêtes du Blues de ce niveau, je reviendrai.

Pascal Lob

Photos: Lucky Jean Luc

 

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