Dans
le cadre des Nuits du Blues d’Abbeville organisée pour la 11eme édition
et décentralisée pour le coup, Saint Valéry sur Somme, charmante
commune située en plein coeur de la Baie de Somme, s’offrait pour la
première fois un programme consacré totalement à la musique bleue.
Premier constat, une affluence injustement réduite à quelques dizaines
de personnes occupent la salle de cinéma, installée en sous sol de
l’ancien casino… Curieux malgré tout de s’apercevoir que les
amateurs de Blues de la région n’aient pas fait le déplacement en plus
grand nombre. Dommage pour les absents mais principalement pour les
artistes et les organisateurs. Une petite déception vite estompée tant
les deux groupes se sont fait plaisir sur scène et ont récolté
l’assentiment du public présent.
Comme
en témoigne les Nordistes de Back to the Roots,
venus en voisin du Pas de Calais, qui, fort de leur expérience acquise
depuis des années sur de nombreuses scènes de l’hexagone, s’activent
dans une formule exclusive à trois, amputée pour l’occasion de leur
harmoniciste. Instruments à cordes, percussions diverses et voix chaudes
sont les éléments prépondérants de la ballade musicale proposée par
le trio et composée principalement de reprises de Gospel, de Blues, de
Country et de Rock’n’Roll en doses plus ou moins variées. Alain
Augustyniak mène le bal, envoie sacrément en leader vocal
naturel et prouve que le djembé, les cuillers, l’œuf, le tambourin et
la planche à laver n’ont plus de secret pour lui.
Dominique
Grébert témoigne d’une habileté similaire qu’il joue de
la guitare acoustique en picking ou de la guitare à résonateurs au
bottleneck. Serge Douay apporte son
soutien au chant et présente un jeu de guitare élaboré d’une dextérité
évidente qui apporte un volume supplémentaire au registre exprimé. Un
spectacle revigorant, joyeux et communicatif qui mérite indiscutablement
d’être vu, écouté et apprécié.
Une
courte pose désaltérante fut nécessaire avant l’arrivée de Matt
Guitar « Arrow » et de « Sleepy »
Vince Talpaert, les deux membres actifs (c’est le moins que
l’on puisse dire) formant le duo Bo Weavil,
totalisant plus de 350 concerts en Europe. Diablement sapés en costards
cravates, alliant classe naturelle et clin d’œil volontaire à une époque,
les deux compères nous plonge d’emblée, par leur attitude et leur façon
d’être, dans les années 40/50 rapidement confirmé dés les premières
notes entonnées. |
Matt possède un
chant habité, envoûté et racé au possible, un souffle divin dans ses
harmonicas, une maîtrise prenante et absolue de son jeu de guitare en
slide et aux doigts autant en acoustique qu’en électrique.
Vince
affiche sa virtuosité sur une étonnante contrebasse électro acoustique
et s’appuie sur un jeu de percussions (fûts, grosse caisse, charley,
cloche, cymbales et washboard), en utilisant ses (dix) doigts protégés
pas des dés ou ses deux mains avec des baguettes, d’une finesse rare et
profonde. Une atmosphère unique se dégage d’une prestation scénique
de Bo Weavil, pénétrante au plus
profond de soi, stimulante pour tous les sens, obnubilante pour l’esprit
et l’âme… Impossible de ne pas succomber à une telle déferlante
bluesicale. Bien plus qu’un hommage aux Bluesmen aujourd’hui disparus,
c’est une véritable célébration justifiée et bienvenue qui redonne
un éclairage à un style immense et essentiel. Tellement concernés
qu’ils ne se contentent pas de reprendre des titres de John Lee Hooker
ou de Bukka White (parmi tant d’autres), ils assènent des compositions
de la même veine, fiévreuses et vigoureuses. En
fin de compte, un répertoire assimilé, consommé, digéré de Blues
plaintifs et de Boogies fougueux qui transpire d’authenticité palpable
et de sincérité touchante. En deux mots, une sacrée claque !

Vous
l’aurez compris, le meilleur moyen de s’en convaincre, c’est de
foncer les applaudir s’ils passent prés de chez vous… Frémissements
sur tout le corps garantis !
Un
grand merci à Christelle Loquet et à Laurence Defente pour leur accueil
et leur gentillesse. Sans oublier de saluer, les deux personnes
responsables de la restitution sonore et de la mise en lumières très
correctes tout au long de la soirée. |