“Cognac...Cognac...
Trois minutes d’arrêt”. C’est le message, adressé par une voix
faussement sensuelle d’une opératrice de la S.N.C.F. locale, que les
usagers du chemin de fer ont entendu dés leur arrivée à la gare de la
Sous-préfecture Charentaise. Pour ma part, c’est en voiture que je
m’y suis rendu. Tout ça pour faire une petite bise à Madame la Sous-préfète,
que je ne connais pas mais qui, évoluant dans l’ombre pesante des
fonctions de son galonné mari, s’ennuie peut-être ? Avant
de passer ma première nuit dans une chambre d’hôte partagée avec
Lucky Jean-Luc, Xavier et Chris de TRB, c’est dans une atmosphère
chaude et colorée que je me lance
dans cette aventure cognaçaise. Avec cette première incursion, le
mercredi soir, dans les bars
animés par la faune plus ou moins autochtone, je sens un vent de folie
planer sur l’endroit que j’allais explorer pendant les quatre
prochains jours. Rencontre avec Riton de la sécu du site et Chris Andrieu
qui connaît déjà les tatouages et piercings secrets d’une des
serveuses d’un troquet du centre ville. Bref, ça démarre fort.
Jeudi 22 juillet.
Doctor
Feelgood, à s’y attendre,
n’est pas là pour faire ni dans le bémol ni dans la “demi-molle”.
Eléctrique et survitaminé, le show des repreneurs de l’affaire Lee
Brilleaux est un véritable hymne offert aux bars bruyants et
à leurs effluves.
Après deux morceaux de la cuvée nouvelle, retentit le
fameux “Milk and alcohol” des 80 ‘s du
band. Le guitariste en véritable commercial de chez Jean Rozé, chemise
blanche, cravate bleue et
poignet de force à la main droite, nous fait revisiter le mythe du
guitariste puissant et sans concession de l’époque de Wilko
Jonhson. Ce salaud de mousse de Portsmouth ose même nous
gratifier, grandeur nature, d’un “Back in the
night” sans pareil ainsi que du cultissime “Mad
man blues” de qui l’on sait. S’en suivront “Roxette”,
des premières heures et “Down at the doctors”.
Pour moi, l’énigme venait du chanteur.
Comment remplacer un front man historique, dont on connaît l’immense
carrière et qui, pour l’anecdote, a ouvert pour le groupe Kiss en 1976
aux Etats-Unis. Cela ne s’invente pas. Il
fallait un véritable agité du bulbe rachitique, un virtuose du show à
la Iggy Pop, un mec où à chaque instant tu te dis qu’il va péter
quelque chose sur scène, pour remplacer “le Phénix des hôtes de ces
bois après un juji gatame” (Jean-Pierre de la Fontaine - Fables,
Ju-Jitsu et pertes collatérales - Editions
Presse Purée). Avoir une
section rythmique comme l’ont eu nos deux sus dépeints protagonistes,
est un véritable bonheur ; j’en conviens et je les envie. Long
live the Doctors.
22h30 : En tête d’affiche d’une soirée hors norme, Georges
Clinton et ses 20 co-listiers du Parlement / Funkadelic. Fan
des Meters, de Sly
Stone et des JB’S, mon
attention était tout particulièrement captée par le show annoncé comme
inénarrable du trublion de la “old school’s funky beat“ des 70’s.
Difficile de se faire une sérieuse opinion, tant l’intro du concert me
paraît douteuse de longueur. Le “Frère Jacques”
de bienvenu du clavier leader, sympathique d’entrée,
suivit de la parodie de “Lazy” à
la Jon Lord de Deep Purple et
de l’échange clavier-violon Tzigane avant de retomber dans un parfait
chaos sonore de plus de dix minutes me fait perdre patience devant tant
d’absence de rythme .L’entrée de Sir Nose, l’anti héros funk créé
par Mister Clinton, tout de poils
blancs vêtus capte une demi seconde mon attention malgré le nombre
impressionnant de musiciens et de choristes qui se relaient subséquemment
et non-obstent sur les planches. Passé une grosse demi heure d’un Funk
plus Platonique que Priapiste (Onaniste à la rigueur!), apparaît enfin
le chevelu historique. Après un long groove que Georges
Clinton a su faire monter crescendo, l’ensemble retourne
rapidement dans une platitude brouillonne. Un fameux chorus de trompette,
à la Freddie Hubbard, nous entraîne dans un univers funky acid-jazz que
l’on ne voit pas tous les jours sur scène, mais de trop courte durée
pour pleinement me donner l’envie de rester. Après une heure passée à
attendre le diable, Lucky Jean-Luc et moi décidons d’aller voir si sa
queue ne traînerait pas dans un des bars du coin.
0h30 : C’est finalement au “Blues des anges”, délicieux endroit réservé
aux festivaliers noctambules, que nous préférons nous rendre avec
Christian Roch et Xavier afin d’applaudir les Chicken
Legs Weaver, un trio anglais d’outre-manche.

Que dire de plus
sur ce complexe consacré à la nuit, illuminé de toutes parts, des
charpentes apparentes aux tables disposées dans les jardins sur le bord
de la Charente, à rendre vert de jalousie n’importe quel organisateur.
Les musiciens anglais ont décidément l’art
de nous surprendre, là où l’on s’y attend le moins. C’est dans un
univers Linchéen, façon “Blue Velvet”, que le trio nous fait
basculer. Malgré leur allure endimanché
propre à un groupe de swing, les Chicken Legs
Weaver nous proposent un style déroutant, froid, ténébreux
et intimiste plus proche d’une noisy cold-wave que d’un blues convenu.
Le contrebassiste, tout droit sorti d’un clip de Soft Cell, s’active
sur son pachyderme quadri-cordes tel le cybernaute psychotique
d’un vieux “chapeau melon et bottes de cuir”. Les sons slides
et écorchés de la guitare, la voix rauque et saumâtre du singer-grateux,
transfigurent avec talent la noirceur de l’âme humaine. Un délice décérébré
pour les esprits ouverts, sûrement un calvaire pour les viscères
des blueseux pur sucre. A part ça, la nuit fut douce et chargée d’émotions
multiples.
Vendredi 23 juillet.
11h30 : C’est au tour des frenchies
de Harp Sliders de nous faire réemprunter les doux et matinaux
chemins de l’Eden blues pour un concert coloré et très attachant. “Rock
me Mama” nous met immédiatement dans l’ambiance acoustique et
chaleureuse de se band haut en couleur.

Manu
Slide au chant-guitare-harmo-kazoo, Mister
Gobo à la basse acoustique et Papy
Washboard à la batterie-washboard sont des sacrés drôles de
zozos d’oiseaux. Du fond du Mississipi aux confins du Yémen (Yeah men!),
Manu et sa bande nous font l’honneur d’un blues du coin de la rue,
comme tiré de l’essence même (pas du Yémen!) du blues. Un “Sacré
Baratin” que voilà. Dernier album : “Solid Jive” Blues Box - BB002
- 2004 (bluesbox@ tiscali.fr).
12h30 : Don Croissant est, semble
t-il, l’homme à voir. C’est au “Mercure on the road”, site choisi
de la fameuse chaîne d’hôtels consacrée aux boissons sacrément chères,
que l’animal tout de fushia vêtu nous amena malgré lui.

Le
bleu azur de la piscine du célèbre établissement contraste sévèrement
avec l’habit du dit zigue, mais qu’importe. L’intérieur du fly de
la guitare est au diapason du costume, « rose cuisse de nymphe »,
criard à souhait, tout pour me plaire. Son tee shirt marin et sa casquette, genre roi de la frite de chez papy
Brossard semble aux antipodes du décor. Un vrai délire visuel, du pur
Kitch, comme un doigt dans l’antre des nantis. Dès
les premiers pickings de Don Croissant,
le fun de ce “Tryphon Tournesol” grimé en “Captain Haddock”
transpire l’excellence. Telle une bande dessinée acide, garage et pépère
à la fois, le son de ce trublion Belge est celui du type qu’a roulé sa
bosse et qu’a rien à prouver. Il joue et nous en met plein la vue. Son
“Jumping Jack Flash” est une merveille de
trouvaille, et fait ressembler ce standard du rock à un éternel du
blues. Don croissant est un personnage
à découvrir pour les fans de blues urbains et acoustiques comme Bo
Diddley, John Lee Hooker et
Bo Weavil.
13h30 : Conférence de presse de the
Inmates, maison Rémy Martin
- Cognac - 14 h 00. C’est en Citroën
C4 de 1932, gracieusement conduit par un membre du “Rétro mobile Club
Cognaçais” que Christian Rock, Nadine (his wife), Mimi Gaudray et moi
nous sommes rendus en l’antre d’un des maître du spiritueux local
afin d’échanger sur l’actualité des mythiques Inmates,
fleuron de la scène “pub-rock” anglaise. Le rutilant teuf-teuf sait
aller bon train, l’hôte est génial de détails d’époque, pour nous
mener au rendez-vous tels des Valentin, Pujol et Terrasson d’occasion,
tel une brigade du Tigre éphémère. L’accueil est formel et bienséant,
tout comme la notoriété de l’institution. Nous
voici maintenant devant les icônes de la scène du rock anglais, à
l’image de Peter Gunn, un des deux
guitariste de la formation. Seul Simon, le bassiste, est un membre rapporté
du solide édifice. Après un bref instant de silence, la première
question.
- La scène pub-rock est-elle encore une grande famille en Angleterre ?
- Avec les groupes, on se
rencontre toujours dans les clubs ou dans les tournées mais le terme
“pub-rock”, pour nous, est associé à groupe ringard et ennuyeux. Ce
qui nous caractérise, c’est le fait que nous refusons de jouer le jeu
de l’argent et des médias qui ruine la culture en général. En matière
de culture nous regrettons les combats de 68 et l’esprit de révolte des
jeunes.
- Quels sont les changements apportés
au groupe depuis les dix dernières années ?
- Premièrement, nous sommes heureux d’être toujours vivant après
27 ans d’existence ; deuxièmement, très fier d’accueillir Simon à
la basse et n’avons pas l’intention d’arrêter de si tôt.
- Qu’avez vous retenus dernièrement
de la scène blues française ?
- Notre musique est encrée,
à l’image de Doctor Feelgood pour l’énergie, dans les origines du
punk rock anglais. Fin soixante dix nous pouvions voir, dans de petits
clubs des groupes comme les Sex Pistols ou plus tard Eddie and the Hot
Rods qui n’étaient pas connus. Maintenant, nous avons croisés le
groupe Rosebud Blue Sauce au Luxembourg.
- Ne vous ayant pas revus sur
scène depuis la tournée “Fast Foward” et ayant apprécié l’album
“Meet the Beatles Live in Paris”, avez vous dans l’avenir, le projet
de revisiter un autre monstre du rock (question de l’oreille bleue) ?
- A l’origine, nous devions jouer dans une soirée avec Serge
Gainsbourg. N’ayant pas accroché sur le répertoire “disco-reggae”
de l’artiste nous avons préférés jouer des standards des Beatles. Libération,
le promoteur de la soirée à décidé de sortir le disque. Nous avons
appréciés, mais ne souhaitons pas renouveler ce genre d’expérience.
- Connaissez vous, malgré tout,
l’oeuvre de Gainsbourg ?
- Par la suite, nous avons écoutés et appréciés la grande carrière
de l’homme.
-Qu’attendez vous de la nouvelle génération
des rockeurs anglais ?
- Nous regrettons la main mise des médias et des majors qui étouffent
la culture. Ils donnent à notre jeunesse des produits prédigérés. Ils
formatent la culture et veulent faire de nos jeunes des adultes dociles,
sans violence. c’est à la société entière de bouger pour que cela
change. Nous, on continue de jouer notre musique. On aime voir, dans nos
concerts, des gens de 20 à 50 ans. Heureusement il y a une grosse
production underground. En fait, il y a deux sortes de jeunes, ceux qui
choisissent la télé comme modèle et ceux qui vont chercher ailleurs,
dans les clubs afin de trouver autre chose. Dites à vos enfants d’aller
chez Virgin, après la fermeture, et demandez leur d’y mettre le feu.
- Que pensez-vous du piratage lié à
Internet ?
- Pour la question du
piratage, les Majors ont vraiment très peur. Ils exploitent le marché.
Ils ont vendus du vinyl, puis est arrivé l’ère du C.D. Il a fallu tout
racheter afin de renouveler sa discothèque. Puis est venu la période des
bonus qu’il fallait de nouveau avoir. Ils exploitent le monde, c’est
pour cela que nous disons qu’il faut les brûler. Les
gens comme nous n’avons pas l’argent comme première motivation, même
si nous vivons de notre musique. Les Grateful Dead ont été un des
groupes de rock les plus piraté. Leur maison de disques, à l’époque,
craignait le pire, pourtant ils ont eu une grande carrière et gagne
encore de l’argent grâce à cette période.
- Que pensez-vous du public français
?
- Nous aimons le public français.
Il a toujours été notre plus fervent supporteur.
Remercions les Inmates pour leur
franchise et leur sens de l’actualité. Ne reste plus qu’à les
applaudir ce soir sur la scène du “Blues des anges” où je ne
manquerais pas d’aller y faire le « head banger », histoire
de les honorer et de savourer les quelques bienfaits de la fée électricité.
16h30 : Retour sur le site du « Tonic day », pour savourer la
performance de Mamadou Diabaté,
savant conteur Malien d’histoire d’ailleurs.

Mamadou
Diabaté est un homme extraordinaire. Son art de la mélodie et
son charisme naturel font de lui un pur joyaux de l’art africain. Dans
la grande tradition des griots sub-sahariens, il maîtrise avec virtuosité
la kora, instrument multicordes amplifié par une calebasse. Evoluant dans
une structure modale pure aux arpèges mélodiques dont l’oreille
occidentale sembles familières ; Mamadou Diabaté,
de ses pouces experts, joue sans relâche des airs qui emplissent
l’espace en s’emparant de l’émotion collective. Plus que
touchant. Parfois
les ornementations de sa Kora, aux timbres aigus proche du clavecin ou aux
élans graves de la viole de gambe, nous entraîne dans la musique de cour
d’un Prince Toscan du 17ème siècle ; parfois les mélopées diatones
de l’instrument nous propulsent dans la végétation rase des brousses
les plus reculées du continent noir. Au
fond, ne peut-on pas conclure par l’incroyable évidence, la science
ayant prouvé qu’il n’y a qu’une race humaine, qu’il n’y aurait,
par conséquent qu’une source musicale commune provenant du puit de nos
racines africaines inconscientes et que nos migrations millénaires
n’ont fait que transformer au fil des mutations ethnoculturelles ?. “Non,
l’arrière, arrière, arrière grand-père de Johnny il a jamais joué
de la musique heu... de couleur. A la limite, du yukulele comme Elvis,
mais à la limite peut-être ? Pis c’est pas un babouin qu’a inventé
le bec de gaz, ni le four à pain, ça se saurait que je sache...” (Réf
: Mon combat contre l’herpès rectal par le négationnisme : Jean Serge
Goebels - Edition : Terre Immonde)”. Moi
je ne pense plus à rien d’autre qu’à la plénitude et à la légèreté
d’un moment rare.
19h30
: Les Ugly Buggy Boys, LE « boys band» belge est mon second
«bourre pif» du 11eme Blues Passions.

Quand les Monty
Pythons se mettent à faire du Blues, çà donne ce cocktail de Country
Blues et de Spycho Billy de chez « Walnut groove » (le village
des Hingalls).

Derrière les salopettes en jeans et les chapeaux de
pailles d’idiots du village se cachent de purs psychopathes consanguins.
Rien ne vaut leur musique décalée, déjantée à l’image de leur
reprise de «Smoke on the Water» version Tello Biafra et Mojo
Nixon. Les titres s’enchaînent ainsi que leur indicibles grimaces de
malades mentaux qui n’ont d’égales que la joie du public devant les
cascades du contrebassiste plus fort que Lee Rocker et Colt Sivers réunis.
Trop fou, trop drôle, trop bien…
21h30
: Le Blues Paradise accueille ce soir Tony Joe
White, pour un show que
j’entrevoyais fort mal.

Qu’elle erreur ! Dès les premières notes, la
guitare acérée et open tunisée de Tony Joe doublé d’un feeling énorme
de rigueur est venue me bousculer. La rugueuse rythmique et le chant déchirant
de l’artiste accompagné d’une seule batterie ont rapidement mis à
mal mes préjugés. La
teinte noire et sensuelle choisie par ce blues man est sans égal. Cela
n’est pas sans rappeler notre feu John Campbell dans ses plus funestes
écorchures sonores. L’harmonica de Tony Joe semble déchirer la nuit
jusqu’à arracher aux ténèbres comme un dernier râle de plaisir
mortifère, mais rassurez vous, je crois que tout va bien, c’est juste
de la musique.
|
23h00 :
c’est Deitra Farr qui démarre cette deuxième partie de soirée avec
les musiciens de Lurrie Bell.

C’est la grosse machine de Chicago Blues
qui se met en marche, du classique, mais du bon. L’arrivée de
Lurrie
ajoute une touche supplémentaire, l’ayant entendu sur une électro, son
passage à la strat’ est très concluant.

Pour le cas présent, ce sont
les cordes de guitare que je n’aimerais pas être tellement les « bends »
sont ravageurs et engagés. Un concert costaud.
01h00 : Allez !
J’irais bien me finir au Blues des Anges avec les Inmates
qui nous gratifie d’un concert unique.

Là, c’est un autre univers –
çà tape, çà claque – et de la disto par là et du trémolo par ici.

Vingt sept ans d’existence et toujours autant d’énergie. Mais on est
plus dans le Blues ? Ben non ! Encore une sacrée journée qui s’achève… Allez !
A demain…
Samedi
24 juillet
11H30
Eden Blues
Démarrage
sur les chapeaux de roues pour ce troisième jour de festival.
Tranquillement installé sur le gazon légèrement humide et toujours
accueillant de la scène de l’Eden blues, nos ardeurs à peine endormies
sont ressuscités par les Parisiens de Big Dez
avec leur registre Blues Rock, notamment influencé par les Fabulous
Thunderbirds époque «Tuff enuff».

Ainsi, l’assise rythmique façonnée par la basse syncopée de Lamine
Yerfi et la batterie étincelante de Stéphane
Miñana apparaît comme un tapis de velours pour le clavier
sautillant de Bala Pradal,
l’harmonica virtuose de Marc Schaeller
et surtout, la guitare et le chant de Philippe
Fernandez. Un leader à la force tranquille qui se place
judicieusement tant au niveau musical que vocal tout en restant attentif
aux jeux de ses partenaires.
15h00
Groove au Château
L’acoustique de la salle voûtée du château François 1er se
prête formidablement bien à l’évènement auquel on va assister. Avec
sa prestation solo et a cappella, Lurrie Bell
perpétue toute la magie et l’émotion du blues traditionnel.

Pour
les amateurs de z’yeux qui piquent un peu, les premiers accords et les
premières notes chantées par l’ami Lurrie
donnent le ton, on se sent définitivement dans le Chicago d’un autre siècle.
Sauf que nous, on est pas con, on va vivre ça dans un château (Ah !
la vieille Europe). C’est plutôt bienvenu car la réverb’ naturelle
de l’endroit amplifie chaque son et lui donne une force supplémentaire…
16h20
Tonic Day
Le premier rendez-vous avec Eric Bibb
accompagné de Michael Jerome Browne,
nous mis d’emblée en adéquation avec l’atmosphère, fortement teintée
de Folk et de Blues, dispensée par les deux compères, soutenu selon les
morceaux par un bassiste, un pianiste et même, un accordéoniste. De quoi
nous donner envie d’en découvrir un peu plus lors de son passage du
lendemain sur le « Blues Paradise »…

21h00
Blues Paradise
Ce n’est pas pour rien que l’Américaine Sharrie
Williams se fait appeler la Princesse du Rockin’ Gospel
Blues, l’univers qu’elle propose fait assurément le tour de la
question.

La dame se présente dans une splendide robe d’un blanc
immaculé enjolivée par une somptueuse lumière, son chant puissant et mélodieux
se fard d’un sourire illuminant son visage et ces Wiseguys
de musiciens sont d’emblée au diapason.

Les envolées guitaristiques de
James Owen apportent une dimension
colorée de Funk, de Rock et de Blues renforcé par la basse massive de Marco
Franco et les claviers tortueux de Pietro
Taucher. L’auditoire semble réceptif au show de Sharrie
et chavire définitivement dans l’allégresse quand elle s’aventure
micro en main dans le public… Une flopée de plaisirs intenses qui
s’inscrivent au plus profond de soi comme autant de marques indélébiles.
23h00
Blues Paradise
Il fut question de pur Gospel dans l’esprit des membres originels
d’une formation créée dans les années 20 en Caroline du Nord.

Les
trois chanteurs, le guitariste chanteur et le batteur actuels de Dixie
Himmingbirds continuent à prêcher la bonne parole. Une
musique sobre et enracinée, délibérément dépouillée et dépourvue
d’artifice, sans pour autant répondre aux sirènes de la modernité.
Les amateurs du genre furent comblés, les autres
s’ouvrirent
des portes peut-être inexplorées ?
Dimanche
25 juillet
11h30 Eden Blues
Après un court décomatage en règle, démarrage de fortune afin
d’aborder la quatrième et dernière journée de la meilleure des façons.
Le début de matinée est offert à Big Mama
et à Joan Pau Cumellas, duo Catalan
qu’une sérieuse réputation précède sur le site. Dans la tradition
des vieux blues noirs américains, la guitare et la voix de Montserrat
Pratdesaba nous emmènent dans un univers acoustique riche de
belles harmonies et d’effets vocaux déchirants. Aussi les arpèges de
l’électro ac’ et les trémolos plaintifs de la chanteuse sont
enrichis par la brillante prestation de son comparse, à l’harmonica.
Celui-ci possède une technique mélodique exceptionnelle doublée d’une
étonnante maîtrise des aigus, en bref, y souffle dans son biniou comme
un gros malade, ça fait comme des houf! houf! mais en plus joli. Malgré
la formule duo, nous avons eu droit à une sacrée dose d’énergie.
Pendant que Lucky Jean-Luc va se restaurer, je vais m’entraîner à
faire des houf! houf! comme lui, enfin j’espère.
15h00
Groove au château
En guise de digestif, nous reprenons une bonne dose d’authenticité
communicative avec la voix ensorcelante de Sharrie
Williams et la guitare vagabonde de James
Owen.

Un répertoire maîtrisé de standards du Blues et du
Jazz somptueusement interprété et magnifiquement habité du début à la
fin. Impossible de résister à un tel déferlement émotionnel qui touche
irrémédiablement la corde sensible jusqu’aux larmes et se conclue en
apothéose par une standing ovation bien méritée.
16h30
Tonic Day
Le pianiste Sidney James Wingfield, né
dans l’Iowa, tourne régulièrement depuis trois décennies des deux côtés
de l’Atlantique.

Installé en solo sous la tonnelle champêtre du Tonic
Day, cet adepte du Piano Blues comme du Piano Boogie à la voix aussi
puissante que grave bouscula la léthargie ambiante et la lourdeur
manifeste de cet après midi dominical ensoleillé.
21h00
Blues Paradise
La prestation d’Eric Bibb, la
veille, nous avait suffisamment ému pour nous donner l’envie de
l’entendre sur la scène principale. La douceur de sa voix et la beauté
de ses mélodies sont les ingrédients indispensables pour savourer
pleinement les dernières heures de ce périple charentais. La qualité
d’un artiste se mesure sur scène et là, difficile de ne pas être
conquis par le talent dégagé par ce dernier. C’est seul qu’il se présente
sur les planches afin d’installer un climat de plénitude et de paix
assez rare avant l’arrivée progressive de Michael
Jerome Browne, de Dave Bronze,
de Ruthie Foster et de Martin
Simpson. Eric, pas avare de
partager, invite Mamadou Diabaté et
sa kora pour quelques douces mélopées en solo.

Au retour de tous les
protagonistes, le ton monte d’un cran. L’ensemble reste plutôt cool,
mais la tension est plus palpable. L’hommage rendu au Révérend
Gary Davis par les Dixie Humminbirds
apporte les éléments nécessaires, comme une offrande faite à un Eric
Bibb en totale osmose, que la touche finale et vocale de Sharrie
Williams sublima. Une bien belle réunion
joyeuse et sincère…

23h00
Blues Paradise
Les plateaux étiquetés « Soul Music » ne sont pas légion
dans le cadre d’un festival de Blues. Le président d’honneur de cette
édition, Howard Tate et ses huit
musiciens vont pourtant nous donner des raisons de le regretter.

Quelle
classe naturelle, quelle voix suave et quels cuivres rutilants !
Arrivé sur scène dans un costume étincelant, Howard
entonne quelques Jump Blues bienvenus, avant de glisser sereinement vers
une Soul Music élégante et soyeuse mâtinée de Blues électrique et de
Ballades sensuelles. Un répertoire exceptionnel puisé dans sa dernière
production discographique « Rediscovored »
comme en témoigne la version habitée et personnelle du « Kiss »
de Prince.
Une
fois de plus, le Cognac Blues Passions aura laissé des traces profondes
et marquantes en proposant un tour d’horizon, riche
et varié, d’une musique populaire réellement présente et sereinement
vivante. Un grand merci à Joël Joanny et à Michel Rolland et à leurs
équipes d’intermittents et de bénévoles qui permettent le bon déroulement
d’une telle manifestation. |