Devant les échos élogieux de la
précédente édition, j'avais réservé ma soirée de longue date. Ca commence à devenir une habitude, je récupère Jean Luc en
ville, on passe chez moi en coup de vent et en route pour Caen. La première demi-heure
pour se parler de Blues, la seconde pour parler de Blues
et on est sur place. Le temps de saluer quelques têtes connues, quand nous entrons la
soirée est commencée.
Sitting Blues
Leur look oscille entre Nicolas le Jardinier et les Teddy Boys des années 50. Ils n'ont
pas l'air de se prendre au sérieux et nous envoient leur bonne humeur à pleines
brassées.

Ce trio acoustique, frais et sympathique mélange
allégrement Blues, Folk, Country,
RagTime, BlueGrass et j'en passe.
Entre l'harmonica, la contrebasse, la guitare, le dobro, le banjo, la mandoline et autres
percussions, je crois que nous n'avons pas vu deux morceaux avec la même configuration.
Ils ont fini par faire monter une dizaine de personnes sur scène pour jouer du fer à
cheval, de la planche à laver, des cuillères, du triangle, du tambourin ou de l'os de
vache folk. Même Andy J Forest s'est joint à eux. La salle, bien pleine pour un soir de
semaine, était joyeuse, moi aussi. Leur style ne correspond pas vraiment à ce que j'aime
écouter, je ne sais pas s'ils ont fait un CD et je n'ai pas envie de l'écouter mais
j'irai les revoir avec plaisir.
Andy J Forest
C'est le band qui débute le set avec le clavier dans le rôle du chanteur, il m'a
impressionné sur les deux plans et cela se confirmera au fur et a mesure du concert. Le
reste de l'équipe m'a nettement moins marqué, même s'il n'y a rien de particulier à
leur reprocher. C'est plus l'esprit qui n'était pas là. J'irai même jusqu'à dire que
le guitariste m'a paru échoué là par hasard. Andy J Forest ressemble un peu à un ados
qui a grandi trop vite, dégingandé, désarticulé, bondissant et rebondissant tel un
Zébulon, il a sauvé le concert avec sa seule énergie.

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Même la qualité mélodique de
ses solos d'harmonica m'a semblé écrasée par l'ensemble. Seul le clavier et ses
interventions aux churs m'ont paru le soutenir. Reprenant une bonne brassé des
titres de son dernier album, l'ambiance variera du Blues aux Rythmes
Latinos en passant par le Zydeco mais
sans atteindre de sommets. J'en avais entendu tellement de bien, je m'attendais à mieux.
Pour colporter quelques bruits de couloir, l'ancienne formation était, dit-on, bien
mieux. Nous sommes peut être tombé sur un jour sans. 
Roy Gaines
Quand j'ai vu le groupe s'installer devant des pupitres j'ai pensé que l'on avait à
faire à des fonctionnaires du Blues ou à un groupe de bal. Ce
qui a suivi m'a fait radicalement changer d'avis. Un ensemble très cohérent et très
inspiré qui a porté la voix et la guitare de Roy Gaines sans jamais faillir. Une section
de cuivres (trompette et sax) très présente mais jamais envahissante, qui a su nous
ravir d'excellents solos. D'apparence renfrognée à la limite de s'ennuyer, le clavier
n'a pourtant pas été en reste. La batterie est restée sérieuse et efficace sans
extravagances superflues. Le bassiste tranquille et assuré n'a décroché qu'un seul
sourire, du début du premier morceau jusqu'à la fin du dernier.

Le maître de cérémonie en costume et nud papillon
a été royal au chant et même si le coté show (guitare derrière la tête ou se roulant
par terre) a parfois pris le pas sur la qualité de jeu, nous avons eu droit à un très
grand moment de Blues. A plus de 60 ans, il a déployé une
énergie qui peut faire des envieux.

L'heure tardive de fin de concert a malgré tout vidé une
bonne partie de la salle et nous reprenons la voiture sur ce constat, La 8ème
nuit du Blues de Caen aura été une bonne édition. |