Depuis de nombreuses années
maintenant, Marc Bourreau programme des
concerts de Blues dans l'agglomération d'Elbeuf prés de Rouen.
Depuis 9 ans, il a investi la salle de la Traverse et y programme en
novembre le Festival du même nom, Blues De Traverse. Vendredi 15 Novembre
Pour cette première soirée, je n'avais jamais entendu parler ni de Tod
Sharpville, ni de Arthur Adams. Connaissant la qualité de la programmation habituelle, je
n'ai pas eu l'ombre d'une hésitation.
Le bal a donc été ouvert par les Hoodoomen,
le quatuor de Caen est augmenté pour l'occasion de Fabien
Saussaye aux claviers. Je n'e suis pas encore convaincu que sa présence
en rythmique apporte vraiment quelque chose à l'ensemble, s'il est trop présent il mange
les autres, s'il est trop effacé c'est inutile qu'il soit là. Peut être que
l'équilibre de l'album n'est pas aussi évident que ça à retrouver sur scène. Par
contre ses interventions solo justifient à elles seules sa présence.

Ce point de détail écarté, c'est quand même à du très
bon Hoodoomen que nous avons eu à faire et
le public ne s'y est pas trompé et les a rappelés, ce qui n'est pas courant pour une
première partie à la Traverse.
Le temps de prendre une petite bière et de découvrir que
le bar est animé par un groupe de mariachis et c'est Tod
Sharpville qui passe sous les projecteurs. Un espion de l'Oreille Bleue
présent lors des balances m'avait prévenu que le bassiste jouait pour la première fois
avec le groupe. Il apprenait les morceaux l'après midi même. Franchement ça ne s'est
pas entendu pendant le set.

Les cuivres, bien en place, ont parfaitement soutenu un
show plutôt Rythm'n'Blues et Tod
Sharpville s'est avéré bon guitariste et bon chanteur. Malheureusement,
son ampli était réglé très fort sur scène et j'ai été obligé de reculer pour
pouvoir apprécier son jeu. Son approche du Blues, ou plutôt du
Rythm'n'Blues m'a beaucoup fait penser à Tommy Castro, et même
ci quelques ronchons grognaient "c'est pas du Blues", j'ai bien
apprécié la prestation.
Encore un break avec musique Mexicaine et c'est Arthur Adams qui s'y colle. On m'a dit que
c'était plus dans le style BB King, je pense qu'il doit quand même y avoir eu un
croisement avec Bo Diddley quelque part.

Le papy bedonnant, très a l'aise, a quand même fait
preuve d'une énergie que peuvent lui envier nombre des ses cadets. Avec sa belle chemine
bleue à paillette, il m'a un peu fait penser à Roy Gaines, même coté "propre sur
lui", même crane rasé et même professionnalisme. Un show très classe et même si
son jeu de guitare n'est pas toujours très précis, il reste toujours complètement dans
le ton du morceau. Une très belle prestation encore une fois même si quelques discutions
avec Marc Bourreau et les Hoodoomen dans les loges ne m'ont pas permis de tout voir.
Bravo à Marc et à son équipe, cette première soirée de
la 9ème édition du Blues de Traverse était encore une réussite.
Jeudi 21 Novembre
Comme pour toutes les dates de cette 9ème édition du Festival Blues de
Traverse, je suis arrivé dans laprès midi pour assister aux balances. La
mise en place (rapide) des musiciens de Chicago ne me donne que peu dindications sur
la couleur musicale de ce soir. En revanche, Napoléon
Washington, seul sur scène, accompagné de son Dobro, fabriqué pour lui
et gravé à son nom, propose un répertoire "roots", authentique et chaleureux.

Sa prestation du début de soirée le confirma. Avec une
technique aboutit, fait de maîtrise des doigts et de l'utilisation du bottleneck sur les
cordes dun instrument, docile et délicat à la fois. Sa voix suave et rappeuse,
douce et rugueuse, apporte sa dose démotions communicatives. Son chant renforce le
son de son Dobro en évitant la monotonie. Ses compositions dans lesprit de John
Campbell et Corey Harris, entre racines profondes et magie vaudou, nous transportent dans
un beau voyage des rives du Mississippi au terres marécageuses de Louisiane. Le musicien
suisse remporte un vif succès, mérité, auprès du public. Un exceptionnel moment gorgé
de feeling, de sincérité et de sensibilité. Une révélation ! Pascal LOB,
Christian Blues, Didier Chaumier, Christian Rock et les autres sont séduits. Napoléon Washington semble faire
lunanimité !
La montée sur scène de la tournée du Chicago Blues Festival 2002 sarticule dans
un premier temps avec,

Wil Crosby à
la guitare,

Russell Jackson
à la basse et au chant et Stan Hale à la
batterie. Dans un registre classique, ils chauffent la salle avec quelques standards
(comme The Thrill is Gone). Le pianiste Kenny
"Blue Boss" Wayne sinstalle et propose un
répertoire entre Blues et Boogie,
alimenté par de délectables échanges de phrasés entre la guitare de Wil et son piano. Ses solos limpides au toucher
soyeux et volubile, sont convaincants et stimulants. Une véritable invitation à
swinguer.
Le guitariste James Armstrong
nous plonge alors en plein dans la Soul Music tout proche du Funk,
sans me procurer de réels frémissements

La voix rauque et chaude de Sandra
Hall, "The Empress of Blues",

est touchante, notamment dans une bonne version du titre
dOtis Redding Dock of the Bay. Mais la dame
saffirme surtout en formidable meneuse, en invitant deux hommes du public à
partager une danse torride, les mains posées sur son popotin et la tête entre ses deux
seins ! Unique ! La cuvée 2002 est dans lensemble un bon cru même si le
style proposé fut sans surprise et sans grande originalité. Toutefois, lauditoire
est conquis et en redemande. Wil Crosby
simpose en séduisant sideman comparé au jeu (et au son) de guitare de son
homologue, James Armstrong. Kenny "Blue Boss" Wayne est un grand
monsieur du piano Boogie que ne renierait pas Pinetop Perkins,
bien soutenu par une section rythmique structurée et soudée. A signaler que le concert
fut retransmit au bar sur un écran géant pour une belle soirée vécue du coté de Cléon,
ou lambiance sympathique et conviviale de la Traverse, est un
élément essentiel de satisfaction, au delà de la programmation. Une réussite à mettre
au compte de Marc Bourreau et de toute son
équipe. Très sincèrement, ne changez rien, Mesdames, Messieurs
|
Samedi 23 novembre Je ne regrette vraiment pas dêtre arrivé tôt dans
laprès midi, jai ainsi pu me rendre à lEMIJ ( Ecole de Musique
dImprovisation de Jazz) dElbeuf (76) pour une présentation intimiste de
lexcellent Napoléon Washington.
Devant un auditoire composé en grande partie délèves de lécole, il a
expliqué lorigine de son instrument de prédilection, le Dobro et la particularité
du jeu de "Slide" en frottant les cordes avec une pièce en forme de goulot de
bouteille (bottleneck). Avec cur et passion, le Suisse Raph Bettex (de son vrai nom)
illustre en musique, des explications nourries danecdotes et de références. Par
conséquent de Robert Johnson à Blind Willie Mc Tell, de Skip James à Doug Mc Leod, il
communique avec ferveur et générosité, lauthenticité dun répertoire
chaleureux et divin.

Une émotion vraie sest dégagée de sa prestation
qui sest conclu par une "jam session" en compagnie de JB Gaudray, très talentueux guitariste du groupe Texaco et également prof de guitare. Dun Blues
lent au standard Key to the highway,
les deux protagonistes ont apporté leurs touches personnelles pour un grand moment de
complicité ! Frissons à profusion ! ! Fabuleux et sincère !
De retour à la Traverse, Nine
Below Zero termine sa mise en place et Spear
It entame la sienne. Ces derniers, originaire du Havre, ont eu la primeur
(comme le liquide soit disant fait avec du raisin) douvrir la soirée. Dans un style
plus proche du Rock que du Blues, le
quatuor a retenu lattention du public présent. Autour de Nathalie
Denis-Hellouis, chanteuse au(x) charme(s) indéniable(s),

le guitariste Christophe
Argentin,

le bassiste Christian Votte
et le batteur Laurent Auzou puissent leur
inspiration dans le Blues-Rock des années 70 avec
détermination et volonté.
A chaque changement de plateau, Napoléon
Washington anime au bar pendant la pause. Nine
Below Zero se présente, ce soir, en formule acoustique, pour illustrer la
sortie de leur dernière galette intitulée Chilled. Devant
un public de fans, acquit à leur cause, la complémentarité des (quatre) voix et la
cohésion de lensemble est incontestable. Dans un style assez lointain du British
Rhythm and Blues habituel, les Britanniques sillustrent dans le Country-Blues
et le RocknRoll saupoudré de quelques Slow-Blues.
Marc Feltham à lharmonica démontre
sa vitalité,

Dennis Graeve
à la guitare affirme sa technicité,

Gerry Mc Avoy
(ancien compagnon de route de Rory Gallagher) à la basse dévoile son dynamisme

et Brandon ONeil
à la batterie, assure avec légèreté. Dans une ambiance chauffée à blanc,

la salle sembrase pour succomber dans une version de I got my mojo working enjouée et accomplie. Les inconditionnels
sont ravis, les autres aussi.
Pour clôturer la soirée, Nina
Van Horn et le Midnight Wolf Band
est au programme.

Je nai personnellement pas réussit à trouver la
petite porte (encore moins la grande) pour entrer dans leur musique (entre Rock
et Rhythm and Blues), souvent furieuse et speedée, de cette
formation. Si le talent des musiciens est certain et la présence scénique réelle, en
particulier du saxophoniste Didier Marty, la
performance densemble ma laissé froid et indiffèrent. Pour terminer la
journée comme elle a commencé, la découverte de ce 9eme Festival Blues de
Traverse, Napoléon Washington a
illuminé au bar cette fin de soirée de son talent communicatif jusque tard dans la nuit.
Vendredi 29
Novembre
Comme chaque année, une soirée du Festival Blues de Traverse
est consacrée au Gospel et au Negro Spirituals,
souvent de qualité et avec succès. Pour cette 9eme édition, The
Brown Sisters, originaire de Chicago, sont au programme. Première
satisfaction, la salle affiche complet. En ouverture, la jeune formation issue de
lEcole de Musique dImprovisation de Jazz (EMIJ) dElbeuf, Tune Spirit a séduit le public. Le septet
constitué de musiciens âgés entre 16 et 20 ans, propose un répertoire de standards du Jazz
ou chacun sexprime avec talent et dynamisme. Leurs professeurs, tel Laurent Meyer et JB
Gaudray, peuvent être rassurés par ces futurs grands pleins
davenir ! En guise dentracte, le grand prix du disque du Hot Club de
France est remis aux Brown Sisters pour leur
dernière production. Dans un registre de classiques du genre, le groupe, composé de 5
chanteuses ( les trois filles du Pasteur Brown,
Vanessa, Andrea,
Adrienne et Lavette
Simms et Rhonda Lott) et un
pianiste (Jason Sheperd) apporte sa ferveur
communicative à un public sous le charme. La complémentarité des voix de chacune de ses
dames stimule le répertoire exprimé et déverse son flot démotions. Notamment,
sur certains titres a capella, juste rythmé par un tambourin. Les cinq choristes
soulèvent lenthousiasme dun auditoire se laissant aller à bouger et à
frapper dans ses mains. Sans réellement sen rendre compte, elles nous enivrent,
nous subjuguent, nous transportent à la limite de la transe. Alliant modernisme et
authenticité, sans prêche et autre sermon, The Brown
Sisters transforment peu à peu la Traverse en Eglise Protestante, en
partageant joies et louanges pour communier avec passion. Alléluia ! Les fidèles
reprennent en cur Down by the riverside et entonnent Oh ! When the saints dans une ambiance chaleureuse et
fraternelle. Happy Day en guise de rappel porte la touche
finale dune superbe soirée spirituelle et jubilatoire ! Une belle
réussite ! |