C’était
la foule des grands soirs à la Traverse de Cléon
(affichant complet) ou plutôt la ferveur du dimanche après midi, à
faire pâlir un curé de campagne à l’heure des vêpres… Un nombreux
public, constitué principalement d’inconditionnels, qui ont découvert John
Mayall pour les plus anciens dans les années 60 et, pour les
autres, au cours des dernières décennies car il n’a pas cessé
d’enregistrer des disques (plus d’une cinquantaine de galettes de 1965
à nos jours) et de faire tourner ses Bluesbreakers,
dans lesquels sont passés du beau monde comme Eric Clapton ou Coco
Montoya, pour ne citer qu’eux…
Mais
avant d’assister à la prestation du « father » (71
printemps, il est né le 23 novembre 1933) du British Blues, il revenait
au gagnant (haut la main !) de la 2eme édition du Tremplin Blues de
Traverse à l’automne dernier, le Jeff Treguer
Trio, de s’essayer sur scène pendant une bonne demi-heure. Une sélection
de grands standards Country Blues, repris et adaptés en acoustique, qui
mettent en valeur les aptitudes des trois musiciens. Jeff
Treguer se régale autant à la guitare acoustique, à la
guitare à résonateurs (appelée communément Dobro) et au banjo mais
c’est surtout son chant, puissant et concerné, qui titille là où çà
fait du bien. Phil Adnet amène par
ses phrasés d’harmonicas, le plus souvent justes et bien placés, une
contribution bienvenue et un soutien vocal non négligeable. Cyril
Cantayre donne de la voix en chœurs et construit une rythmique
convaincante avec sa contrebasse. Pas étonnant d’assister à la réaction
de la salle qui en redemande et qui leur offre une ovation bien méritée…
Avant
l’arrivée de John Mayall sur scène,
ce sont d’abord ces trois musiciens (américains), en bons
accompagnateurs chevronnés, qui chauffent l’assistance.
Le Texan Buddy
Whittington à la guitare et au chant (depuis 1993) se démène,
Joe Yuele du Massachusetts aux
baguettes (depuis 1985) et Hank Van Sickle
de la Pennsylvanie à la basse (depuis 2001) se complètent à la
rythmique. John Mayall se présente
comme multi instrumentiste et intervient au clavier, à l’harmonica, à
la guitare en assurant le chant lead. Un format musical, travaillé, rodé
et très pro, sans surprise, qui se situe plus proche d’une (bonne) Variété
anglo-saxonne actuelle, aux (faux ?) accents Pop Rock, peu
imaginative et insipide malgré quelques immersions judicieuses dans le
Blues. |
Malheureusement, les uns et les autres jouent sur leur valeur, sans
aucune mise en danger ou prise de risques, seul Buddy,
par son jeu de guitare exceptionnel, véhicule de temps à autre le
feeling indispensable pour transformer certains moments en instants
magiques, purs et intacts…
A l’instar de John
Mayall, il faut bien avouer que sa tournée sur le vieux
continent, aligne 18 concerts en 18 jours consécutifs sans le moindre
jour de repos. Il est donc compréhensible d’être obliger d’en garder
un peu sous le pied pour le lendemain. En revanche, au niveau du business,
John Mayall n’a pas oublié de tout
donner, avant et après concert, en s’installant dans le hall pour
vendre CD et DVD (par ailleurs fort bien distribués) mais en refusant catégoriquement
de signer des autographes sur les billets d’entrée de quelques amateurs
avertis, pour le coup, échaudés.
Dommage
pour certains mais les applaudissements nourris de la salle, visiblement
acquise à sa cause, semble se contenter aisément de cette performance et
ne tient pas compte de ce comportement inadmissible…
Ainsi
se conclue l’édition printanière de Blues de Mars réduite, cette année,
à seulement deux soirées en espérant que la musique bleue, dans toutes
ses composantes, brillera de nouveau en nombre et en qualité à la
Traverse au mois de novembre prochain…
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