Est
ce que trois fois c’est une habitude ? Je ne sais pas, mais je dois
dire que j’ai bien pris goût à ce rendez-vous annuel que nous propose
le festival Blues sur Seine. Je sais que la notion de Tremplin ne plait
pas à tout le monde, que la notion de classement sur des critères aussi
subjectifs semble réductrice. Ajoutons à cela la différence de
perception liée aux différences de style et on en arrive à la
conclusion qu’un tremplin n’a aucun intérêt. Pour ma part, je vois
les tremplins comme une excuse à la réalisation d’un plateau
d’exception, j’y vois une occasion unique de voir des groupes que je
ne connais pas et qui séparément n’auraient probablement pas réussi
à me faire faire les 100 km que je fais pour ce tremplin, j’y vois une
ambiance, convivialité, qui fait penser à un dimanche en famille, J’y
vois Mike, présentant les groupes avec un niveau de flatterie digne de
Michel Drucker, (Mike si tu m’écoute !!!), j’y vois la tension
des participants, j’y vois la difficulté des jurés pour départager
les groupes. Bref, j’y vois tellement d’autres choses qu’un simple
concours…
En
ce dimanche un peu frais, la lourde tache de nous réchauffer revenais à Without. C’était ma première fois et 30mn ne m’ont pas suffit. Le
groupe est parfaitement au point, la batterie en est le moteur et la basse
en est le chassis.

Comme pour une voiture, avec un bon moteur et un bon châssis,
on a une bonne voiture. La carrosserie, les peintures ou les enjoliveurs
peuvent plus ou moins vous plaire, mais cela reste une bonne voiture. Au
niveau du Tunning, je dois reconnaître que la carrosserie en guitare
rythmique et la peinture des chants m’ont parfaitement convenu. Par
contre, les gentes larges de la guitare solo saturée ne m’ont pas semblées
adaptées à tous les types de conduite. Le pilotage d’un Swing aurait
peut être mérité des roues à rayon, plus légères que les gentes
larges qui par ailleurs se sont avérées fort efficace avec la conduite
plus sportive des Blues Rock.
C’est
ensuite à Kap Blues d’investir les lieux. Une guitare acoustique, un
chanteur et une guitare lead en électrique,
la formule est simple, il faut aller à l’essentiel, jouer
efficace et ils le font. Ils semblent porter les stigmates de leur passé
imprimé sur leur âme qu’ils nous laissent entrevoir au fil d’un set
mené avec énergie mais sans empressement.

Du Blues avec les tripes, avec
la maîtrise et avec des textes en Français qui ont su me parler. Même
si le chant du guitariste lead m’a semblé moins convaincant, il m’a
fallu m’accommoder d’un système pileux totalement affolé et
impossible à maîtriser. Une belle découverte pour moi, le tremplin à
rempli son office.
Leur
dernier album m’avait fait forte impression et j’avais vraiment envie
de voir Bourbon Street sur scène. Je ne peux pas dire que j’ai été déçu,
mais je suis resté sur ma faim. Une section rythmique solide et un
guitariste qui semblait détendu et dont le jeu a bigrement titillé mon
intérêt.

Seulement voilà, j’ai eu l’impression que le guitariste
chanteur, avec ses allées et venus, n’a pas permis au show de vraiment
démarrer. Du coup, je ne suis pas complètement entré dans leur univers,
dommage, ils méritent que l’on se penche sur leur sort. Il faut
absolument que je les revoie dans d’autres conditions.
Venant
d’Angers, c’est ensuite Quart de Bleu qui a pris place sur la scène.
Ils m’ont paru fébriles au départ et les premiers solos de guitare
s’en sont ressentis. Puis doucement, les choses se sont calées, la
rythmique est devenue plus fluide, la voix s’est installée et les
guitares se sont envolées.

Le set s’est malheureusement terminé au
moment ou ça devenait terrible. Le groupe ne manque pas de qualités,
c’est clair. Ils ont juste manqué d’un tout petit peu de métier pour
véritablement nous montrer ce que nous n’avons fait qu’entrevoir.
|
Stillife
sera pour moi la déception de cette journée. Ce duo a un potentiel
impressionnant. Un chanteur avec une voix rare et extrêmement puissante
et un guitariste acoustique au jeu rageur et ravageur. Mais ils ne sont
pas juste deux, le guitariste utilise des effets, il enregistre une boucle
rythmique pour ensuite faire son solo dessus.

Malheureusement, à la première
tentative il s’est raté et son solo est tombé à coté. J’ai eu
l’impression qu’il en a été déstabilisé et qu’il n’a pas réussi
à reprendre le fil ensuite. Pourtant, il n’y a pas eu d’autres
difficultés en cours de route mais j’ai eu le sentiment qu’il se
surveillait un peu trop et qu’il ne s’est plus vraiment lâché. Il
faudra les revoir dans une ambiance plus détendue, ils doivent être
affolants.
Accompagnée
de Thibault Chopin à la contrebasse, de
Simon Boyer à la batterie et de
Little Victor à la guitare, Sophie Kay était venue nous présenter ses
compositions en français.

Oscillant entre le vieux Blues Swing et la
chanson bluesy, ses textes, délicieusement bien écrits, dépeignent avec
humour des tranches de vie quotidienne qui nous parlent. Une bien agréable
prestation pour présenter un univers bien sympathique auquel il n’aura
manqué, à mon goût, qu’une petite dose d’énergie et dont
j’attends avec impatience de découvrir les autres facettes.
Le
quatuor normand Spoonful est impressionnant. Ils laissent une trace dans
les mémoires partout ou ils passent, cette prestation n’a pas dérogé
à la règle. Pas de chance, on n’a pu entendre le son du Dobro (merci
la sono) de Igor, heureusement il a est
vite passé sur sa 335.

Je dois être parfaitement franc, je les connais
bien, je les ai vus de nombreuses fois et je constate chaque fois qu’ils
ont encore fait des progrès. Igor a encore affirmé son chant et la
pertinence de ses solos de guitare. Le nouveau bassiste apporte un groove
un peu moins funk, ce qui n’est pas pour me déplaire. Apparemment je ne
suis pas le seul, car ils repartiront avec 3 récompenses, rien que ça.
Avec
Bulldog Gravy, on tape dans le dur, dans le lourd, mais surtout dans le
neuf. Ben oui ! je trouve l’esprit novateur, comme si Muddy jouait
avec les Clash. Le percussionniste sur tôle est là pour appuyer la
batterie, un harmonica agressif s’accouple à une guitare saturée au
son dégoulinant.

La guitare acoustique et la contrebasse sont les notes
de douceur dans le son mais pas dans le jeu. Tout ça dégage beaucoup
d’énergie mais ils jouent un peu trop avec les larsens et autres bruits
que j’ai plutôt tendance à fuir d’habitude. Si cela participe à
l’ambiance du groupe, ça à fini par fatiguer mes pauvres oreilles, je
dois commencer à me faire vieux.
Au
de là des prix décernés qui n’ont un intérêt que pour ceux qui les
reçoivent, il me reste féliciter l’équipe d’organisation de nous
concocter un tel programme et pour l’accueil. Félicitons aussi les
musiciens, certains sont repartis déçus, il aurait fallu leur remettre
un prix à chacun. Quel dommage qu’il faille un tremplin pour les réunir
sur une scène …
Prix
électrique: Spoonful
Prix acoustique :
Bulldog Gravy
Prix Sacem : Kap Blues
Prix Cahors : Spoonful
Prix Cognac :
Bulldog Gravy
Prix Montrèal : Spoonful |