Voici
venu le mois de novembre, les premiers brouillards de l’automne et la
finale attendue du Tremplin de Blues sur Seine, devenue
aujourd’hui une véritable institution où la famille Bluesie, dans
toutes ses composantes, se retrouve du coté de Mantes avec un certain
plaisir. Un concours particulièrement bien doté, avec pas moins de 8 récompenses
différentes, des deux catégories représentées, électrique ou
acoustique, des prix du Festival de Cognac, de Cahors et de nos cousins du
FestiBlues de Montréal sans oublier le prix de la Sacem et celui de la
Fondation de la Poste pour les meilleurs textes en français. Sur les 75
candidatures reçues, les 8 formations retenues ont démontré une qualité,
une vitalité et une diversité propres à pérenniser la musique qui nous
fait vibrer. Devant un jury conséquent, attentif et passionné, chaque
postulant disposa d’une bonne vingtaine de minutes pour séduire et
convaincre. En voici, quelques échos chronologiques…
Avant
que les formations ne passent sur le grill, Mighty
Mo Rodgers, le président d’honneur du Festival, nous
gratifia d’une chanson, spécialement composée pour l’occasion, en
s’accompagnant au piano, intitulée sobrement Blues sur Seine.
Une agréable entrée en matière.

Il
revient le privilège, jamais facile, aux Nordistes des Harp
Sliders d’ouvrir le bal.

Un groupe inter génération, amputée
de son harmoniciste, qui allait démontrer de réelles possibilités dans
un format guitare chant, batterie-washboard, basse acoustique d’une
certaine originalité s’inspirant avec brio du Blues d’Avant Guerre.
Ce
fut au tour du Marseillais Djamel Deblouze
de déverser son Blues identitaire, bouillonnant et charnel,
anti-raciste et anti-facho. Des adaptations et des compositions griffées
de textes en français au vocabulaire calibré qui ne font pas dans la
demi-mesure emprunts d’une réalité manifeste, d’humour ravageur et
d’une poésie sous jacente, de mots simples et d’histoires vécues.

Entouré de cinq musiciens (2 guitaristes, un batteur, un bassiste, un
saxophoniste) acquis à sa cause, Djamel
se positionne en formidable showman, au chant travaillé et sensuel même
si son jeu d’harmonica est plus démonstratif qu’impressionnant… Une
vingtaine d’années après avoir découvert Bill
Deraime, je m’abreuve avec délectation des chansons de ce
nouvel artiste, unique, drôle, rebelle et politiquement incorrect (comme
ils disent à la téloche). Affaire à suivre de prés…
Le
quatuor Parisien Big Brazos, dont
j’apprécie la démo sortie il y a quelques mois, proposa son répertoire
acoustique en anglais de Country Blues du meilleur effet.

Composé d’excellents musiciens (deux guitaristes, un bassiste, un
harmoniciste), c’est la complémentarité des quatre voix qui se fait
remarquer dés les premiers accords, une osmose bien agréable et joliment
touchante.
Les
Bas-Normands du Anquetil Blues Band
ont confirmé les bonnes impressions ressenties à l’écoute de leur
galette Dead Time.
Un registre classique de Chicago
Blues assimilé et digéré par les cinq éléments (deux
guitares, basse, batterie, clavier) du band, qui permets à Thierry
Anquetil, depuis une bonne vingtaine d’années, de continuer
à jouer et à chanter, un Blues électrique, énergique et
puissant sans concession à quelques modes actuelles. Une valeur sure. |
Les
locaux du duo acoustique Stringers in the Night
charmèrent public et jury avec leur répertoire de compositions en français
de Blues Folk.

Totalement inconnu de la plupart d’entre
nous, ils s’octroyèrent un succès mérité et unanime, tant la cohésion
entre les deux guitaristes, Arnaud Vandevoorde,
auteur de tous les textes et compositeur sur un titre, et Gérard
Chaumarel, chanteur et compositeur, apporta une fraîcheur sincère
et un élan communicatif. Sans aucun doute, l’une des plus belles révélations
de l’année…
Les
Banlieusards de la Seine-Saint-Denis, dont les plus parisiens de la presse
spécialisée font l’éloge, j’ai nommé Little
Big Band, secouèrent, si l’en était besoin, le Centre d’Action
Culturelle.

Un chanteur charismatique et six musiciens (ré)unis (guitare,
contrebasse, batterie, clavier, trompette, saxophone) au superbe look
fifties donnant dans le Swing, le Jump, le Rhythm
and Blues et le Rock’n’Roll qui feraient le
bonheur de Louis Jordan et consorts.
C’est incontestablement bien en place, léché et bondissant, idéal
pour guincher et séduire la donzelle… Un formidable orchestre qui perpétue
avec ferveur la musique des années 40 et 50.
Après
l’effervescence créée par cette tornade de décibels, le trio du Val
d’Oise, Bluesy Train, présenta un
cocktail de compositions en français entre Blues et Folk
Songs, guitare-chant, harmonica et planche à laver, dont la
musique et les paroles, composées par Gérard
Tartarini, s’affirment convaincantes et sonnent vraies.

Ce
sont, de nouveau, des Nordistes, Stincky Lou and
The Goon Mat, qui allaient clôturer cette édition 2003, riche
en émotions et fertile en rebondissements, avec Laurent
Goosens à la contrebassine, Matthias
Dalle à la guitare électrique et au chant, renforcé par
l’apport de Fabian Benardo à
l’harmonica.

Un moment dans la pure tradition du Mississippi, poisseux
et rustique, de Delta Blues brut et de Boogie
furieux. Je ne pu résister longtemps à cette envie de bouger qui
taquinait mon corps de haut en bas en esquissant quelques pas de danse,
encouragé par l’ambiance surchauffée de la salle.
Ce
fut une cuvée d’excellents niveaux qui prouve, une fois de plus, la
relative bonne santé et le dynamisme de la scène Blues en
France. Après le temps du comptage des points et l’annonce des gagnants
(lire les résultats par ailleurs), vint la remise des récompenses aux
protagonistes, visiblement tous contents et très émus (demandez donc à Arnaud
des Stringers in The Night !),
avant le bœuf de fin de journée où de nombreux musiciens présents
l’après midi prendront part, le soir, à la fête avec en guest,
notamment, la violoniste chanteuse américaine Heather
«Lil’Mama» Hardy, les musiciens Canadiens de Riverside
Blues et l’excellent harmoniciste Guy
Bélanger, sans oublier, le batteur des Hoodoomen,
Francis Marie.
Un
grand bravo pour le splendide travail effectué par toute l’équipe de
Blues sur Seine, emmené de mains de maître par Valérie Bouba et Jean
Guillermo, sous l’égide de Mike Lécuyer chapoté d’une double
casquette, d’organisateur féru de notes bleues et de présentateur
adepte de la rime pour ce quatrième concours
national du Tremplin de Blues sur Seine. |