S’il
est un festival en France qui permet au Blues de
s’approprier en nombre les clubs, les pubs et les bars comme cela
devrait l’être naturellement, le Festival « Blues autour du
Zinc » de Beauvais dans l’Oise, comme son nom
l’indique, est indéniablement celui là. Pour
la 10eme année consécutive (joyeux anniversaire !), le Blues a
raisonné aux quatre coins de la ville dans 18 lieux différents avec pas
moins d’une trentaine de formations pour un total d’une cinquantaine
de concerts sur deux soirées, entre 21 heures et 1h30 du mat’ (et même
plus !), avec pour mots d’ordre : gratuité d’entrée,
ambiance torride et diversité musicale. En
effet, pas besoin de dépenser de monnaie pour s’offrir une flopée
magistrale de notes bleues, juste l’envie de sortir de chez soi, que
l’on soit seul ou à plusieurs, et de franchir la porte des Zincs
participants pour partager un verre. Ce
qui fait qu’à l’arrivée, chaque endroit se retrouve rapidement pris
d’assaut par une foule bigarrée où un public de tous âges se mélange
et se retrouve autour des artistes venant d’Amérique (Etats Unis, Brésil)
et d’Europe (Grande-Bretagne, Pays Bas, Belgique et France) dans une
atmosphère chaleureuse et festive. Il
faut dire qu’il y en avait pour tous les goûts, tant la musique du
Diable s’est déclinée sous toutes ses facettes où chacun a
certainement réussit à trouver son bonheur.
En
voici, quelques sacrées bonnes tranches vécues de façon intensive,
liste nominative des lieux en main, de vendredi soir à samedi en fin de
nuit.
D’emblée,
le guitariste chanteur Britannique Matt Schofield
accompagné de Jonny Henderson à
l’orgue et Evan Jenkins à la
batterie ont planté le décor.

Du Blues électrique survitaminé où
chaque musicien s’épanouit sans contrainte, les baguettes rougissent
sur les fûts, les touches de l’orgue frémissent, les cordes de guitare
scintillent et la voix haute et vibrante enivre… Autant
d’éléments qui suffisent évidemment à captiver, à émouvoir et à
transporter sur les chemins du plaisir intense…
Quant
à l’entente européenne de Rudy Chalard and
The Motel Men rencontré un peu plus loin, c’est
principalement dans la Country Rock qu’elle s’exprime.

Des voix, des
guitares, du violon, de la contrebasse et des percus qui s’unissent pour
célébrer la musique populaire américaine.
La
belle sujette de sa Majesté approchée dans le bar suivant, Sally
Strawberry chante le Blues et la Folk Music avec détermination
sur fond de guitares « slide » fusionnelles peaufinées par
les Bad Apples (Chris
Eaton et Adam Wheatley).

Un
univers envoûtant qui comble aisément les manques éventuels et remue le
palpitant dans la poitrine…
Les
Néerlandais de Mellotones vont mettre
un sérieux coup de pied dans la fourmilière d’un pub à bières en
restituant un cocktail musical hyper énergétique.

Une
musique puissante qualifiée de Pub Rock, qui s’articule en fait entre
Blues puissant, Rock tonitruant et Rhythm and Blues chahuteur. Du
sur mesure, fort de leurs looks bariolés et ensoleillés, pour Mike
D. à la guitare et au chant, Ruben K.
à la guitare, Mike S. à la basse et Lorenzo
H. à la batterie qui s’associent bigrement bien.
Une
bande d’allumés Grands Bretons allaient ébranler les murs du même
endroit une seconde fois, répondant au doux nom de Roach
Twins.

Un groupe composé de deux guitares acérées dans les
mains des frères (jumeaux ?) Roach,
Chris et Tony,
sur fond de chant hallucinant déglutiné par Uncle
Dinners soutenu par une rythmique pétaradante conduite par la
basse de Andy Sykes et la batterie de Rick
Lacey. La flûte traversière fumante et la bombarde vibrante
du Professeur Mayhem complètent de façon
surprenante ce combo explosif et déjanté. Leur
répertoire détonnant est principalement puisé dans les perles éditées
chez Sun Records entre Blues graisseux et Boogie sulfureux… Mais ce sont
surtout la présence scénique et la mise en scène de ces « gentils
fêlés » qui donnent une dimension supplémentaire au registre
exprimé.
A
la fin de leur show, un torrent de lave incandescente semble être passé
et la première soirée se trouve déjà bien avancée…
Un
détour par la Galerie Nationale de la Tapisserie s’impose pour se finir
en beauté (ou presque) avec un DJ très électro… nique. Bonne nuit,
les petits et les grands… |
La
balance des nordistes d’Hot Chickens
et des Belges de Smooth and Bully Boys
allait nous remettre, ce samedi, dans le droit chemin. Ce sera
Rock’a’billy par ici et Rock’n’Roll par là…
Mais
c’est le chevronné Américain Ron Hacker
qui pour ce début de soirée mettra tout le monde d’accord.

Entouré du
bondissant Artist Joyce à la basse et
du virevoltant Ronnie Smith à la
batterie, il sert un Blues solide et coriace, sans concession, aussi
percutant que tranchant, d’une voix burinée au possible et rauque à
souhait. Son
jeu maîtrisé de guitares (2 électriques et 1 acoustique pour le coup)
aux doigts comme au bottleneck impose le respect et plonge l’amateur
averti (ou non) dans un bain fiévreux et poisseux. Tensions palpables et
sensations fortes sont la panacée du trio auprès duquel, on ne ressort
pas tout à fait intact.
Difficile
d’aller jeter une oreille sur la jeune Britannique Kyla
Brox qui, pour sa première apparition en France, attire (comme
la veille) la grande foule. L’écoute
rapide de la demoiselle pendant quelques minutes procure la certitude de
qualités vocales exceptionnelles aux envolées gospelisantes joliment mis
en valeur par Andy Ford à la guitare.
Le
trio du Brésilien Nuno Mindelis
propose, quand à lui, une agréable invitation au voyage.

Les références
auprès de Jimi Hendrix ne sont pas fortuites et
se dévoilent dés les premiers accords. Une
technique irréprochable en picking sur les cordes de sa guitare fournit
les éléments indispensables à un Blues Rock péchu et musclé, légèrement
Funkie. La rythmique salvatrice s’impose d’elle-même grâce à un
bassiste visiblement motivé et un batteur percussionniste aérien qui ne
peut renier ses origines Sud Américaines. Une
première sortie dans nos contrées qui c’est certain en appellera
d’autres…
Direction
la Galerie de la Tapisserie pour alimenter la nuit où les Nordistes de Jesus
Volt occupent déjà la scène.

Alliant
une classe naturelle évidente et une énergie scénique décuplée, les
quatre compères (Lord Tracy au chant
et à l’harmo, Mister Clit Tao à la
gratte, Lenine Mc Donald à la basse
et Magic Doudous aux baguettes) ne
peuvent laisser indifférent. Ils
concoctent une potion maléfique qui explose le Blues, dynamite le
Rock’n’roll et pulvérise le Funk. Une musique, encore plus déstructurée,
profitant de l’apport des mixes qui sortent des platines de DJ
Cook. Desservie
par une sono criarde et capricieuse, il serait intéressant de les revoir
dans de meilleures conditions. Rendez vous est donc pris, fin août à
Bougy prés de Caen.
Pour
continuer la fête, la fanfare des Pistons
Flingeurs mets le feu dans le hall de l’établissement,
cuivres brûlants, batterie perforante et chant au mégaphone sonnent
l’heure de réunir danseurs de tout poils… C’est chaud bouillant !
Retour
pour se rafraîchir dans la salle et applaudir les quatre Belges de Durango.

A
première vue, le chant gouailleur et l’harmonica hypnotique du leader
pourfendent l’air climatisé transformant l’ambiance faussement feutrée
en climat gentiment furieux. Swamp
Blues destructeur aux senteurs des prémices du Rock’n’roll, Blues du
Delta originel aux saveurs subtiles de Reggae constituent le brassage
musical proposé pour rassasier les derniers inconditionnels et mettre un
terme à ses deux nuits trépidantes.
Plein
d’autres choses excellentes ce sont certainement déroulé mais il est
physiquement impossible d’être partout à la fois… Quoi
qu’il en soit, il faut féliciter le travail effectué, en amont comme
en live, par toute l’équipe du Comptoir Magique conduite par Laurent
Macimba. Un salut amical à l’ensemble des bénévoles et des
intermittents qui permettent le bon déroulement de ce genre de
manifestations.
Une
pensée affectueuse à « Fanfan Speedy Woman » et à Pascal
pour leur hospitalité et leur gentillesse naturelles, à la belle
Anne-Sophie pour son large sourire qui rayonne en continu sur son visage
et ses talents indéniables de guide, aux musiciens et aux potes du milieu
du Blues avec qui c’est toujours un bonheur de se retrouver et aux gens
croisés, çà et là, avec qui c’est une joie simple d’échanger
quelques mots… |