Parti de Rouen, en train
dés 18h15, le lundi 28, je rejoins finalement Dunkerque, avec une heure
de retard, en … taxi ! Le suicide par voie ferroviaire d’un désespéré
expliquant cela. Pris en charge, dès mon arrivée, par Alain
Mazurek et Franck Orts, le
président et le vice-président de l’association Bay Car, je me
retrouve toute suite dans le bain, chez Georges
et Renée, particuliers qui
accueillent une Chapelle Blues, concerts chez l’habitant, animé
par Arnaud Fradin et Manu
Frangeul de Malted Milk
pour un délicieux moment de Blues acoustique sur vitaminé.
Le duo guitare-dobro et harmonica distribue son lot d’authenticité et
de dynamisme, alimenté par des qualités de chant indéniable. Idéal
pour animer cette belle soirée entre amis et famille toute génération
confondue. De l’un et l’autre, il sera question, quand Eric
Liagre et Stéphane Wils
(du groupe Without) partageront à la
guitare et avec une batterie improvisée, un chaleureux moment de
complicité avec les deux musiciens Nantais. Une entrée en matière des
plus agréable agrémenté par la dégustation d’un succulent alcool de
(vieilles) prunes de la région … Une excellente initiative (pas la
prune, le concert évidemment), en complément de la programmation au
Palais du Littoral, qui fait entrer le Blues, avec bonheur,
en plein cœur des chaumières…
Après avoir retrouver,
Joël Bizon, le journaliste free-lance de la presse spécialisée, ce
mardi 29, je salue mes collègues de Blues Mag (Jean Marcel et Benoît) et
la fine équipe de Blues and Co emmené de main de maître par Tonton
Erick, qui tiennent un stand, les uns et les autres, de leur magazine
respectif. En ouverture de cette 4eme édition du Bay Car Blues
Festival, c’est Patrick Verbeke
qui s’active tout au long de la soirée. D’abord avec un conte
Bluesical (Willie et Louise), puis avec sa formation renforcée, pour
l’occasion, de quelques invités de marque. Pas moins de 800 personnes
ont pris place autour des tables, dans un Palais du Littoral
transformé en Cabaret convivial. Devant un public familial au complet,
des petits enfants aux grands parents, Patrick
et ses musiciens racontent l’histoire d’un petit orphelin, Willie, et
de sa nourrice, Louise. En différents tableaux illustrés en musique et
en images sur écran géant, ils retiennent l’attention de toute la
salle, qui atteint son paroxysme lorsque une soixantaine d’enfants de
deux écoles de Grande Synthe, chapotés par des retraités, montent sur
scène pour entonner quelques chansons, dont deux de leurs compositions,
avec un certain talent et un vrai enthousiasme… Splendide et sincère !!!
Entouré de ses habituels
compères, Pascal Mikaelian à
l’harmonica,
Laurent Cokelaere à la
basse, Manu Millot à la batterie et
surtout Claude Langlois à la Pedal
Steel Guitar et à la Weissenborn,
seul musicien, à ma connaissance à
pratiquer ces instruments dans le milieu Blues en France, Patrick
distilla son répertoire habituel sans surprise, ni bonne ni mauvaise. Sa
performance est propre, rodé, sans écueil mais manque, cependant, d’un
soupçon de folie qui transforme un concert ordinaire en un show
bouillonnant… La montée sur scène de l’ancien saxophoniste de Luther
Allison, Davyd Johnson,
n’apporta pas l’effet escompté tandis que Beverly
Joe Scott, s’offrit, avec talent, quelques titres au
chant…
A l’arrivée, j’ai
une énorme envie de faire découvrir, dans quelques années à ma nièce
(3 ans à la fin mai) l’histoire de Willie et Louise, en revanche,
j’ai l’impression d’avoir fait le tour du registre exprimé par Patrick
Verbeke et son band… A
contrario, c’était la 8éme fois que je le voyais sur scène, du duo au
big band… Ceci expliquant, sûrement cela !
De retour à la ferme (ou
nous sommes gracieusement hébergé) après quelques discussions
houblonneuses, je retrouve, sans trop de grabuge grâce à Alain «Le Fantôme»,
mon compagnon de chambrée, Joël Bizon, qui se repose, déjà, dans les
bras de Morphée…
Réveil tardif, déjeuner
dans un p’tit resto, balances prometteuses dans l’après midi, coup
d'oeil attentif à la belle exposition photos de Nono
Macquet, il est
peu avant 20 heures quand le Pocket Orchestra
accueillent, comme la vielle, le public à l’entrée de la salle. Dominique
Robert, à l’Orgue de Barbarie et au chant, et Isabelle
Lallart, aux percussions, proposent un répertoire Blues
au sens large mitonné de Jazz, de Boogie
et de Ragtime du meilleur effet…
Pour entamer cette soirée,
la jeune et belle guitariste chanteuse Yougoslave, Ana
Popovic, se présente aux suffrages d’un auditoire, toujours
aussi nombreux et familial.
Je restais sur un souvenir, plutôt mitigé,
d’une prestation au Havre d’Ana, l’année passée, desservie, faut
bien le dire par, un trio d’accompagnateurs en manque d’inspiration
totale.
Bonne nouvelle, le «Line-up»
qui entoure la demoiselle, a complètement changé et le résultat s'est
fait, tout de suite sentir. |
Dans un registre résolument Blues Rock,
une jolie cohésion entre chaque participants (basse, batterie, clavier),
quelques échanges bienvenus entre Ana
et le guitariste norvégien, Peer Gynt,
dans sa somptueuse tenue locale, un bœuf final nourri de complicité
entre tous, consolidé par l’apport de Peter
Nathanson, guitariste américain résident en France, en
exclusivité pour le Bay-Car…
Autant d’éléments qui placent Ana
Popovic, sur la bonne voie, et qui promettent un bel avenir à
l’ensemble…
Après la silhouette
filiforme d’Ana Popovic, c’est au
tour de la sulfureuse et plantureuse, Candye Kane,
d’apparaître sur scène. Habillé à la manière d’une «Betty Boop»
au rose bonbon dominant, Candye «chausse»
un bon 190 G de tour de poitrine et détient dans son corsage des trésors
inespérés qu’elle fait découvrir au public, comme son dernier Cd, un
tee shirt, un appareil photo et une bouteille de Jack Daniell’s. Dans un
climat fortement orienté vers le Swing, alimenté par
quelques Blues Boogies et Slows Blues
bienvenus, Candye déverse ses leçons
de paix et d’amour qui ne peuvent laisser insensible. Elle communique sa
ferveur et chante même des titres en français aussi explicite que Je
n’en peux plus dans ma Cadillac ou encore Manger
toute la nuit… Formidable chanteuse à la voix enjôleuse et
hypnotisante, elle s’entoure de tous jeunes musiciens prometteurs
(basse, guitare et piano), et même de son fils d’à peine vingt ans à
la batterie. Les couples se forment, le Palais prend des allures de salle
de bals, çà danse terrible derrière le bar, Tonton Erick, de Blues and
Co, se sent pousser des ailes, et je ne résiste pas longtemps… La
version enjouée de Whole Lotta Love de Led
Zep confirme la prestation de haute volée d’un spectacle
transpirant la joie et la bonne humeur !!! Une satisfaction unanime !
C’est la quatrième
fois que j’assiste à un concert de Candye Kane,
avec des musiciens toujours différents, et je ne me suis jamais ennuyé,
bien au contraire !
Le temps de se rafraîchir
avec quelques tartines de houblons, et
que Patrick Verbeke chante en solo, Sherman
Robertson et sa formation s’installent sur scène pour, ce
qui allait être un formidable cyclone bluesistique, les murs du Palais
du Littoral en tremble encore…
Sherman
est avant tout, un homme respectueux, du public comme de l’esprit, en
explorant (presque) tous les styles de Blues avec une magie
palpable et communicative. Du Rhythm and Blues au Slow,
du Blues texan au Funk, du Swamp
au Rock’n’roll, du Zydeco à la Soul,
chaque titre est façonné maison et servi sans aucune faute de goût, il
faut dire que le monsieur s’appuie sur du personnel de tout premier
ordre. A commencer par (certainement) le meilleur saxophoniste de la scène
Blues mondiale actuelle, Gordon Beadle,
plus connu sous le nom de Sax Gordon.
Il s’offre de nombreuses interventions judicieuses, en étant aussi
omniprésent que discret, tout en laissant de la place à ses partenaires
comme Bruce Lawson Bear aux claviers
et Sherman Robertson, lui-même, à la
guitare et au chant. Ajouter une rythmique infaillible avec Louis
Ulrich à la basse et Warren Grant
aux baguettes, au sens du show inné et spontané de Sherman,
jamais avare pour prêcher la bonne parole dans l’assistance, vous
obtiendrez la plus chaleureuse et infernale prestation scénique de ses
derniers mois… Époustouflant et renversant, comme ce boogie
furieux ou la quasi-totalité des huit cent personnes présentes
communiait en dansant à plus d’une heure du mat’… Unique et rare !!!
Le 4éme Bay Car Blues
Festival est un véritable succès populaire réunissant plus de 1600
personnes sur deux nuits, venus pour la plupart en famille et entre amis,
sans clivage et sans conflit de génération, bien au-delà des
traditionnels amateurs de Blues.
La soirée n’était pas
terminé pour autant, à l’invitation des organisateurs, bénévoles,
partenaires, techniciens, amis et presse, se retrouvaient à table à plus
d’heures pour déguster un Couscous plus que Royal… qui restera
longtemps graver dans ma mémoire !
Je tiens à remercier
vivement Alain Mazurek, le président,
Franck Orts (Monsieur 500 000
Volts !), le vice-président, et à travers eux, l’ensemble des
personnes qui font de ce festival, une réussite à tous les niveaux, et
qui rendent cet événement essentiel et incontournable… Très sincèrement,
Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs, gardez cet état d’esprit
exceptionnel et cette gentillesse naturelle… C’est la première fois
que je venais au Bay-Car Blues Festival cette année, je vous
promets d’être présent en 2004, si Dieu me prête vie… Keep
Blues Alive !!! |