En
prélude aux prochaines «Nuits du Blues» qui auront lieu au mois
de mars prochain (voir la page « A voir à Rouen »), le
Service Culturel de la commune d’Abbeville présentait son tremplin
Blues suivi d’un concert des Rosebud Blue
Sauce. Plus
qu’un tremplin véritable, ce fut plutôt une revue d’effectifs de
groupes plus ou moins connus dont certains ont déjà eu la chance d’être
programmés officiellement à Abbeville ou ailleurs. Chaque
formation a disposé d’environ 25 minutes pour mettre en avant leurs
talents respectifs.
Beale
Street, composée d’un guitariste rythmique et chanteur,
d’un bassiste, d’un batteur, d’un harmoniciste et d’un guitariste
soliste, seule formation véritablement électrique a ouvert les débats,
dans un registre Chicago Blues bon teint. Arrivé tardivement (il faut
bien se nourrir), les deux morceaux entendus m’ont donné une envie
certaine d’en découvrir un peu plus…

Les
Harp Sliders ne sont pas des inconnus
bien au contraire. Le trio, croisé à plusieurs reprises notamment l’été
dernier à Cognac, revisite et dépoussière le Blues des origines en
apportant une fraîcheur d’interprétation palpable, que ce soit en français
ou en anglais. Un savoureux mélange de guitare slide, d’harmonicas, de
kazoo, de batterie intimiste, de planche à laver, de basse acoustique et
d’un humour non négligeable qui procure une sensation de joie
communicative et de bien être conjugués.

Un
autre groupe, constitué de trois musiciens, se présente sur scène,
guitare acoustique chant, harmonica chant et guitare électrique
constituent les éléments prépondérants d’Apostle.
L’unité musicale peut surprendre au début entre sonorités acoustiques
d’un côté et électriques de l’autre mais elle s’affirme
rapidement concluant, chacun trouvant sa place légitime dans le combo.
Phrasés d’harmonicas bienvenus, rythmique maîtrisée et chorus
mordants des deux grattes mettent en valeur le chant partagé de
l’harmoniciste et du guitariste. Rien d’étonnant qu’ils aient séduit
les membres du jury du Tremplin Blues du Festival «Jazz à Vannes» à la
fin juillet 2004…

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Un
duo répondant au nom de Doc Busard
offre une conversation entre deux guitares à résonateurs et deux voix
sur des textes en français. Si le jeu des instruments s’accorda
volontiers, le chant par trop approximatif ne convaincu guère… Dommage,
le format musical était intéressant et original.

Pour
conclure la soirée en beauté, les organisateurs ont convié l’une des
meilleures formations de l’hexagone, les Rosebud
Blue Sauce. A chacune de leurs sorties, le quatuor nous plonge
de façon inéluctable au cœur des années 50 dans un cocktail jouissif
de Jump, de Rhythm and Blues et de Chicago Style. Tellement plaisant que
je n’ai pas écrit une seule ligne sur leur prestation me laissant aller
à bouger pendant toute la durée de leur set…

Nico
Duportal confirme sa position de chanteur engageant et de
guitariste virevoltant soutenu par une rythmique infernale concocté par
la contrebasse d’Abdell Bouyousfi et
les baguettes de Fabrice Bony. Le
dernier arrivé, Cyril Laurent s’intègre
maintenant parfaitement au trio originel en soufflant en nappes précises
et précieuses dans son saxophone. Des
reprises bien senties couplées à des compositions du même acabit qui
sonnent comme de véritables appels à la fête et à la danse. Stimulant
au possible et jubilatoire de tous les instants ! L’invitation
faite par les Rosebud à Manu
Slide équipé de son harmonica pour un échange sympathique et
rapide mis un point final à cette agréable soirée.

Entre
découvertes et confirmations, la plupart des groupes présents ont démontré
de bonnes prédispositions pour s’exprimer sur la scène de l’Espace
Culturel St André. Une seule chose à attendre courant mars, des Nuits du
Blues de la même trempe avec notamment Sharrie Williams, John Mayall ou
Patrick Verbeke… |