Grâce,
à l’engouement intact des membres de l’association Blues and Co
soutenus par des sponsors passionnés, à la bonne volonté de la commune
qui prête le Théâtre Municipal et son personnel, la ville de Thouars,
dans les Deux-Sèvres, située sur l’axe Saumur Parthenay, s’offre,
pour la quatrième année consécutive, une Nuit du Blues qui fait
recette. Une salle comble (plus de 300 personnes) rivée les yeux écarquillés
et les oreilles attentives pendant plus de 6 heures de concert
quasi-ininterrompu avec 5 formations au programme où le Blues
s’est exprimé dans toute sa richesse et sa diversité.
Mais
avant de rejoindre l’ambiance surchauffée du Théâtre, direction celle
du Café des Arts (plein comme un oeuf) et sa superbe décoration «Début
de Siècle», pour une entrée en matière apéritive signée par la
guitariste chanteuse Américaine Janet Martin.
Seulement
accompagnée par son bassiste de mari, Michael,
elle réalise une jolie synthèse entre Blues et Country
où son jeu de Slide s’impose comme une évidence. Du charme réel et un
caractère prononcé pour un succès bien mérité…
Pour
ouvrir les hostilités du soir, les régionaux de Stincky
Balls assènent un set nerveux et fougueux de Blues Rock
à forte inspiration Hendrixo-Vaughanienne. Du haut de leurs vingt ans de
moyenne d’age, le quatuor (guitare chant, guitare, basse et batterie)
revisite avec une volonté notoire de bien faire les choses, un répertoire
qui fleure bon les Seventies… Il sera intéressant de suivre leur évolution.
Les
Nordistes de Without ne sont plus,
quand à eux, à leur coup d’essai, bien au contraire. Voilà trois ans,
ils remportaient les Open Days du « House of Live » (à
Paris), un enregistrement à la clé capturé en concert. Depuis il ne
cesse de déverser leurs compositions de Blues Rock Funky,
communicatives et stimulantes, à qui veut bien l’entendre et
d’assurer une séduisante présence scénique.
Une
assise rythmique échevelée construite par Stéphane
Wils à la batterie et Olivier Mahieu
à la basse dans laquelle les guitares de Christophe
Dewaele et d’Eric Liagre
se distinguent avec intelligence et complémentarité. Il faut également
ajouter, la chance pour cette formation de posséder en Eric
et en Stéphane Bak, deux chanteurs à
part entière, qui se partage le micro avec implication, dynamisme et
brio. Le public réceptif n’en demandait pas tant pour chavirer dans un
bien être palpable et salutaire.
Le
joli voyage dans les Racines du Blues proposé par les Lillois de Stincky
Lou and The Goon Mat apporta également sa part de réjouissances.
Mathias
Dalle gratte ses six cordes, s’affaire aux percussions et
chante diablement, bien soutenu par la contrebassine accrocheuse de Laurent
Goosens et l’harmonica enjôleur de Fabian
Benardo. Du Blues authentique mâtiné de Boogie
dévastateur qui imprègne au possible un registre tonifiant et ravageur.
Impossible de rester en place, l’envie de se remuer dans tous les sens
et le plaisir de se laisser aller furent plus forts et incontrôlables… |
Mais
le meilleur est à venir, avec ce qui se fait certainement de mieux sur le
vieux continent, les Belges de Tee
allaient le prouver une fois de plus.
Marc
Thijs est doté d’une voix modulée captivante et sait créer
avec sa guitare ce climat propice et envoûtant où toutes les notes,
jouées ou suggérées, ont tellement d’importance. Entouré par ses
fidèles acolytes, Ernesto Zvar à
l’orgue enchanteur, Jan Boeckaerts
aux saxophones (Ténor et Baryton) caressants, il nous plongea en plein cœur
des années 50 se reposant sur la rythmique efficace et ronflante conduite
par la basse de Renaud Lesire et la
batterie de Frank Coumans. Alternant
titres lents frissonnants et morceaux rapides swinguants, il possède en
plus LE son adéquat et idéal qui transforme les agréables minutes
d’un concert en instants inoubliables. La magie de Tee a, de nouveau,
opéré, les longs applaudissements nourris de la salle en témoignent
assurément. Je ne peux que souhaiter à tout le monde de vivre des
moments identiques d’une rare force et d’une telle intensité.
Difficile
de monter sur scène après une démonstration de la sorte, les Normands
d’Hoodoomen vont pourtant réussir
à conserver l’attention de l’assistance qui malgré l’heure tardive
est restée fort nombreuse.
Il
faut dire que les garçons enchaînent les dates depuis longtemps et maîtrisent
à merveille leurs univers festif teinté de West Coast et
de Chicago Blues. Les frères Marie,
Bernard à la basse et Francis
à la batterie, peaufinent une rythmique sans faille là, où Philippe
Brière s’adonne aux plaisirs du chant suave et aux joies de
l’harmonica cajoleur, tandis que Pascal Fouquet
tisse de ses dix doigts sur sa guitare, une toile, fine, précise et
voluptueuse.
La
liesse se prolongea encore par un bœuf intense (à plus de deux heures du
mat’) autour des Hoodoos où
quelques musiciens des groupes présents (Janet
Martin et Michael, Eric
Liagre, Fabian Benardo)
mais aussi, Paul Linden,
l’harmoniciste de Sean Costello, échangèrent
des points de vue avec leurs arguments respectifs pour séduire jusqu’au
bout l’auditoire visiblement heureux et satisfait.
Je
tiens à féliciter vivement et à remercier sincèrement, Arol
Rouchon et Tonton Erick Diard
et à travers eux, toute l’équipe de bénévoles de Blues and Co,
pour l’organisation, la programmation et la réussite de cette 4éme
Nuit du Blues. Sans oublier, les techniciens du Théâtre Municipal
responsable de la restitution sonore impeccable et de la mise en lumière
chaleureuse pendant toute la durée du spectacle. Une dédicace spéciale
à Jean Emmanuel «Motown» pour son «Sweet Home Sainte Verge» (priez
pour elle) et à Lefty Marco pour son transport en douceur en Loisonmobile.
Une
chose est désormais sure, le passage par Thouars en mars 2005 parait
essentiel et incontournable.
A
l’année prochaine !
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