La
Grande Escroquerie du Blues !!!
En
tournée en France pour quelques dates seulement, Buddy
Guy faisait une halte en Normandie, sous l’égide du Théâtre
Duchamp Villon, délocalisée pour cause de travaux, dans le superbe Théâtre
des Arts de Rouen, plus habitué aux grands airs d’Opéra
qu’aux riffs de guitares. L’Oreille Bleue se devait d’être présente
pour assister à cet événement qui saluait la dernière production
discographique signée par l’intéressé, par un retour remarqué vers
la musique qui nous fait tant vibrer, intitulée Blues
Singer. Pour l’occasion, tous les spécialistes de la presse spécialisée
que compte notre belle région ont fait le déplacement, Gilles
Romain-Vimont, Dominique Fanger pour Soul Bag, Didier Chaumier pour Blues
Feeling, Marc Loison pour l’émission de radio «Sweet Home Chicago»
(le samedi entre 13 et 15 h sur http://blues.radio666.com),
sans oublier mes compères de Lob, Gringos et Pascal. Tout semblait réunit
pour passer un agréable moment dans un lieu à l’acoustique
exceptionnelle copieusement fréquenté sur ses trois niveaux… Mais dés
l’entame du concert, les échos défavorables des performances de Buddy
Guy, à Nancy et à Toulouse, allaient se confirmer. A
commencer par le volume sonore de sa Strat’, tantôt ahurissant à tel
point qu’il dissimulait les autres instruments, tantôt inaudibles pour
deux oreilles attentives et normalement constituées. |
Son
jeu de guitare approximatif, dépourvu de feeling et brouillon fut agrémenté
d’effets visuels consternants comme le frottage des cordes avec une
baguette de batterie et le simulacre du jeu avec les dents, qui reçurent
apparemment l’assentiment de l’auditoire. Il faut ajouter à cela, les
diverses imitations et reprises, d’Eric Clapton
à SRV, de Muddy
Waters à John Lee Hooker
entre autres, réduites, pour la plupart, à des tranches saccadées et
successives sans intérêt, ressemblant à du mauvais échantillonnage.
Malgré le soutien de musiciens acquis à sa cause, en particulier
l’excellent Tony Z au clavier et à
l’orgue, le concert ne décolla pas, pourtant renforcé par quelques
sorties, Fender en bandoulière, dans le public plus extravagantes que nécessaires.
Cela aura duré prêt de 2 heures, entre pitreries et frasques, pour une
prestation décevante et inadmissible, pour un artiste de cette renommée,
plus proche du gâchis et de l’escroquerie (principalement pour ceux qui
ont déboursé jusqu’à 25 euros), absolument pas sauvée par les deux
derniers morceaux à la guitare acoustique… Un concert à oublier au
plus vite, que les 67 ans de cette «légende vivante» n’excuse pas,
qui dessert notre musique préférée. Heureusement que certains, jeunes
et anciens, comme Sharrie Williams, Big
James et surtout, Snooky Pryor
(82 ans !) et ses amis, ont démontré, pendant les festivals
printaniers et estivaux, une réelle vitalité et une émotion sincère à
perpétuer un Blues captivant et renversant… |