Double
le vendredi, Stone le samedi et Washed le dimanche
C’est
toujours avec un certain plaisir (ou le contraire) que L’Oreille Bleue
se déplace en dehors de Normandie pour vivre de nouvelles émotions et découvrir
des lieux qui (nous) changent.
La
venue des Double Stone Washed et de
leur manager, Laurent Chêne dans le Pas de Calais fut
l’occasion rêvée de retrouver cette formation repérée et appréciée
au Cahors Blues Festival en juillet 2003, et de partager un florilège de
moments privilégiés…
Tout
d’abord au B52’s d’Outreau, son décor de Saloon et sa
cuisine simple et populaire où l’ami Nono Macquet s’évertue,
depuis plusieurs années, à diffuser la «bonne parole», puis à Béthune
à l’Oxford Café (Pub du pétillant Jacky «à qui on ne
la fait plus depuis longtemps», joliment secondé par la belle Agathe)
où Hervé Loison (des Hot
Chickens) s’installe le vendredi aux platines et propose du
«Live» chaque samedi, sans oublier l’American Chevy Burger de Violaines,
pour une plongée en plein cœur des Fifties, motivé par la danse
Country, les belles mécaniques Américaines et les concerts du même
acabit…
Trois
endroits, trois ambiances, trois clientèles différentes, mais une
ferveur, une passion, une chaleur humaine identiques au cours desquelles
les Double Stone Washed ont aisément
confirmé leurs qualités pressenties et placé la barre bien
haute…

Ce
qui frappe d’entrée, c’est cette autonomie complète d’un système
unique de restitution sonore en prise directe (je n’en dirais pas plus)
et cette faculté d’adaptation du combo en fonction de
l’environnement, sans nuire (bien au contraire) à la musicalité, à la
cohésion et au dynamisme du groupe. |
Rodés
par des années passées sur la route en alignant plus d’un millier de
prestations, les quatre compéres s’affirment dans un registre Tribal
constitué de Blues torride, de Rhythm and Blues
incandescent et de Rock’n’roll dynamiteur, saupoudré de
parfums Vaudous salvateurs… Du British Pub Rock dans toute
sa splendeur !

Difficile
de ressortir un élément du groupe, tellement l’unité est flagrante et
l’implication de chacun évidente. Cependant, le chanteur Lilian
Descorps vide ses tripes et s’impose en formidable
harmoniciste, au charisme tranquillement affiché et à la sollicitude décuplée
pour ses partenaires. Une homogénéité également due aux liens des Villafagne
entre le guitariste Franck et le
bassiste Frédéric, jumeaux au
quotidien pour l’état civil et complices affirmés et engagés depuis
toujours sur scène. Il faut les voir se lancer des regards amusés, se
jauger mutuellement, s’échanger de somptueux phrasés pour repousser
encore plus loin leurs limites et flirter avec les sommets inaccessibles
de la perfection… Des frissons d’une rare intensité auxquels
participe également, avec brio et force, le batteur Bruno
Rodriguez au toucher fin et précis, sans excès et sans surenchère,
en adéquation avec la complémentarité exprimée.

Deux
longs sets qui prouvent véritablement que les Double
Stone Washed se positionnent comme une fantastique entreprise,
distillant de l’énergie à profusion, de la générosité naturelle et
un état d’esprit hors du commun… Tempérament, Respect et Fraternité :
il ne faut tout simplement rien changer, messiers !
It’s
only Rock’n’Roll ! |